Le transfert du ‘setting’ de la langue maternelle versus le recours aux universaux malgré la langue maternelle ?

Un autre moyen proposé pour prouver l’accès à la GU est de voir si l’adulte peut reconstruire un paramètre par le canal de la valeur paramétrique en langue maternelle vers celle en langue cible. Si la reconstruction est possible, l’accès continu à la GU existe.

La problématique de White sur la question de pro-drop est dans cette logique. Un apprenant dont la langue maternelle est de paramètre pro-drop comme l’espagnol initialement n’interagit pas directement avec la donnée du type non-pro-drop de la langue cible mais transfère le ‘setting’ du paramètre de sa langue maternelle. Au fur et à mesure du développement de sa compétence, il réussit à reconstruire le ‘setting’ en accord avec la valeur paramétrique dans la langue cible.

Selon White cette transition démontre le fonctionnement de la GU. Autrement dit, l’apprenant a accès à la GU par l’intermédiaire de la langue maternelle. On essayera de comprendre cette transition à travers le schéma au-dessous.

Selon White, au lieu d’interagir avec les données de la LC, l’apprenant substitue au setting 2 de la LC le setting 1 qui est plus proche du noyau de la GU, qui dans ce cas renvoie à l’acquisition de la LM.

Cette supposition ne me semble pas tout à fait convaincante. Deux questions importantes s’imposent.

Premièrement, dans le cas des apprenants adultes, l’initiale préférence du setting de la LM reflète-elle le penchant des apprenants vers les universaux ou simplement vers la LM ? Ce n’est pas évident. Pour prouver cet accès par la question de pro-drop, il vaudrait mieux supposer le cas où la LC est pro-drop — plus proche du noyau des universaux, alors que la LM est non-pro-drop — plus loin du noyau des universaux.

Quand l’enfant apprend sa langue maternelle, il produit tout à bord des phrases du setting pro-drop pour la distance plus courte de celui-ci au noyau des universaux; autrement dit, il produit des phrases qui ressemblent à celles dans la LC dans notre schéma. Après, c’est probablement le ‘language parser’ et l’interaction entre la faculté de langage chez l’enfant et les données en LM qui font que l’enfant s’acquiert peu à peu le setting de non-pro-drop de sa langue maternelle.

Pour prouver l’accès continu aux universaux de l’adulte, il nous faut prouver que malgré la ‘correction’ dans l’acquisition de la LM du setting 1 au setting 2, l’adulte reprend le vieux chemin du setting 1. Plus précisément, il nous faut prouver que dans l’apprentissage de la LC, entre des formes du setting pro-drop de la LC et des formes correspondantes du setting non-pro-drop de la LM, l’apprenant adulte choisit les premières sous des conditions tout à fait naturelles, i.e. identiques à celles de l’acquisition de la LM d’un enfant. Si l’apprenant adulte s’attache au setting non-pro-drop de la LM, on pourrait dire qu’il n’a plus d’accès aux universaux.

Voyons le schéma au cas où l’adulte aurait l’accès continu aux universaux:

La deuxième question importante est quelle est la nature de la transition de l’acquisition de la LM à celle de la LC dans le cas supposé par White?

En plus, la transition du Setting pro-drop de la LM au Setting non-pro-drop de la LC est faite obligatoirement par une reconstruction, celle-ci exigeant d’abord une déconstruction initiée par l’interaction entre le répertoire existant et les données de la LC. Ce processus déconstruction- reconstruction n’a plus affaire au sujet de l’inné, de l’accès aux universaux ; il entre dans le champ de l’apprentissage, des stratégies générales, de l’interaction en aval entre le système de l’interlangue et le système de la langue cible.