Résumé :

À partir de notre réflexion sur la Grammaire Universelle, nous pouvons tirer quelques points conclusifs suivants.

Les paramètres ne servent pas à distinguer les langues ; leur fonction n’est pas typologique. Une langue ‘pro-drop’ permet largement des structures du type ‘non-pro-drop’.

Une fonction significative de la notion de paramètre est qu’elle distingue deux ou plusieurs settings dont l’un renvoie aux universaux par le fait qu’il est le préféré de tous les apprenants-enfants en premier lieu dans leur construction de l’interlangue.

L’apprenant adulte a probablement l’accès continu aux universaux. Pour le prouver, il faut montrer que dans le cas où la langue cible est plus proche des universaux que la langue maternelle, l’apprenant adulte sous des conditions naturelles — identiques à celles de l’acquisition de la langue maternelle de l’enfant — choisit la forme en langue cible au lieu de s’attacher à la forme en langue maternelle.

Dans l’appropriation d’une langue étrangère, les adultes ont probablement un ‘double accès’, c’est à dire qu’ils non seulement mettent en œuvre le Module de Problem-Solving mais aussi gardent encore accès aux universaux.

Le système duel me semble fonctionner comme tel : les (véritables) universaux fonctionnent enarrière plan, généralement à l’insu de l’apprenant lui-même comme dans le cas de l’acquisition chez l’enfant ; le module de problem-solving, en avant scène, met en œuvre des opérations formelles, des stratégies variées ou d’autres moyens d’apprentissage, cela avec ou sans la conscience du sujet apprenant.

Dans notre logique réflexive présente, la productivité infinie de l’enfant et celle de l’adulte doivent être de différentes natures. Des observables semblablement identiques de la productivité pourront remonter à des mécanismes non identiques. Un aspect des choses est que l’adulte, à un moment donné, mentalement prépare ou répète ce qu’il veut communiquer en la langue cible comme une stratégie de production. Cela semble improbable chez l’enfant en langue maternelle.

J’émets l’hypothèse que le mécanisme acquisitionnel de la langue étrangère de l’adulte constitue un continuum, avec les universaux innés à un côté et le Module de Problem-Solving, les stratégies en général à l’autre côté. Les questions logiques seront : où se trouve l’adulte sur ce continuum ? Est-ce que cette position est relativement figée pour tous les apprenants adultes ? Est-ce qu’elle est dynamique même pour un seul apprenant ? Si elle est dynamique, qu’est-ce qui conditionne son glissement sur le continuum ?

Si nous savions les réponses, nous saurions peut-être rendre l’apprentissage d’une langue étrangère par les adultes un processus moins coûteux, moins ardu ou même un processus heureux !