La mémoire phonologique et associative

L’apprentissage de nouvelles formes lexicales est fortement influencé d’une part, par ‘le contenu de la mémoire sémantique à long terme et par son organisation’ et d’autre part, par ‘la mémoire phonologique à court terme’.

Steinberg affirme que

Examinons alors la mémoire à court terme liée aux traits phonologiques et sémantiques.

Papagno & Vallar distinguent deux variables qui influencent la mémoire à court terme, à savoir ‘la longueur des items à mémoriser et leur degré de parenté phonologique’.

Service & Craik pour leur part prouvent un lien entre l’apprentissage de nouvelles formes lexicales et l’apprentissage d’associations entre des ‘lexèmes porteurs de signification’. Leur expérience montre que ‘l’apprentissage par association dépend fortement de la mise en rapport d’une nouvelle forme avec un vocabulaire déjà organisé sémantiquement.’ Le facteur d’âge amène une différence dans la capacité de cette mise en rapport. Les apprenants plus jeunes montrent une meilleure performance dans l’association sémantique. Les apprenants plus âgés dans cette expérience en sont comparativement faibles à la fois en LC et en LM ; ils ont donc le besoin de garder la nouvelle forme phonologique plus longtemps dans la mémoire de travail.

Ce qui est particulièrement intéressant et significatif à l’apprentissage du chinois dans cette expérience est que les apprenants plus jeunes qui font preuve d’une meilleure mémoire sémantique ont une performance moindre dans l’apprentissage des non-mots phonologiquement étrangers.

Cela éclaire le cas du chinois, langue phonologiquement et graphiquement très loin des langues européennes. Au premier lieu l’apprenant n’a que très peu d’appui pour construire une association, sémantique ou quelconque. ‘C’est la capacité à créer des représentations phonologiques dans la mémoire à court terme et à les y garder momentanément qui intervient crucialement dans l’apprentissage de nouvelles formes.’ L’embarras est que ‘nous reproduisons mal (un message en LE) parce que nous le percevons mal : cette mauvaise perception résulte d’une structuration des éléments informationnels inadéquate car dictée par des habitudes sélectives propres à la perception de notre langue maternelle.’ ( Raymond Renard (Ed.), Apprentissage d’une langue étrangère / seconde, 2. La phonétique verbo-tonale) De plus le ‘savoir inné des formes possibles’ ne semble pas fonctionner à merveille chez les adultes. J’entends à plusieurs reprises des français imiter les chinois avec des sons qui sonnent bizarres aux chinois mêmes ! Des stratégies sont nécessaires et inévitables chez les adultes.

Ce n’est qu’au deuxième stade, c’est-à-dire quand l’apprenant aura construit un minimum de répertoire lexique pour qu’il puisse mettre en œuvre l’organisation associative entre une nouvelle forme et le répertoire interlinguistique présent.

Service postule trois processus mémoriels qui jouent un rôle critique dans l’apprentissage du vocabulaire : l’encodage phonologique et l’encodage orthographique dans la mémoire de travail puis dans celle à long terme, et la création de lien sémantique avec le vocabulaire déjà en mémoire par des moyens tels que la contextualisation.