Le transfert et la construction créative

Deux autres stratégies forment une paire d’opposées : le transfert et la construction créative. Selon Rosansky, l’enfant ne voit que les similitudes entre les langues tandis que le transfert se produit chez l’apprenant adulte parce qu’il est conscient des différences à cause de la présence des opérations formelles.

Mais le transfert se produit parce que les langues SONT différentes ; l’apprenant adulte n’arrive pas à reconnaître certaines de ces différences d’inter-systèmes ni à se revirer d’un système à l’autre comme les enfants bilingues. Dans l’apprentissage du chinois ce qui se passe souvent est que quand les apprenants adultes comprennent ou se font comprendre que leur LM ne partage aucune similitude avec la LC dans certains aspects, ils forment une attitude d’éloigner l’influence de son répertoire langagier pour construire à côté un autre répertoire particulier.

Le cas contraire s’explique par une réaction psychologique : face à une grande étrangeté, l’apprenant adulte, surtout quand il travaille en groupe, semble assez troublé ; il ne veut pas s’entendre ni se faire entendre articuler des sons bizarres, ni se faire corriger des tons qu’il ne ressent pas. La stratégie de face entre en concurrence contre celle d’apprentissage ; l’apprenant s’efforce de trouver de l’appui pour modérer sa sensation forte d’embarras et cet appui vient naturellement du répertoire qui lui est familier. Une deuxième raison pour expliquer le transfert est que quand il s’agit d’un savoir déclaratif et donc donné par autrui (l’enseignant ou le manuel, etc.) mais non pas remarqué par l’apprenant lui-même, ce savoir n’est pas tout de suite prêt à se manifester dans son comportement langagier. L’apprenant garde l’appui sur son répertoire actuel et l’erreur se produit.