La production comme une stratégie

La production comme stratégie est tout d’abord communicative et ensuite d’apprentissage.

Un apprenant adulte a un besoin beaucoup plus fort qu’un enfant de production langagière pour principalement quatre raisons.

Tout à bord, il n’est pas autorisé à rester silencieux ! On attend qu’il parle parce que l’on le met à peu près toujours sur le même niveau social qui sous-tend un aller-retour interactif ; la transgression de cette loi constitue une menace au statut de l’un ou de l’autre. L’image qui pourrait être endommagée concerne l’intelligence, la personnalité individuelle, la représentation l’un de l’autre, le respect réciproque, même le caractère ethnique, ce qui constitue une véritable menace à l’auto-identité. L’adulte DOIT parler.

Puis, il a besoin de communiquer, poussé par les exigences quotidiennes de résoudre des problèmes ou d’accomplir des tâches.

Ensuite, il veut communiquer, en tant que membre social avec son répertoire de savoir du monde, celui-ci en perpétuelle interaction avec les informations extérieures. Il veut connaître mieux et plus, il veut se faire reconnaître en se faisant entendre.

Une quatrième raison est sur le plan didactique : cela peut être dangereux de respecter la période silencieuse chez l’adulte. Si les enfants peuvent toujours sortir de la période silencieuse comme si c’était simplement un stade pré-établi dans leur processus d’apprentissage, l’adulte par contre a une tendance plus forte de former des habitudes.

La production, disons précoce, est donc obligatoire et nécessaire ; elle fonctionne sur les niveaux d’apprentissage et de communication.

Selon Krashen, la production de ce stade n’a qu’une fonction, c’est de susciter plus de données de bonne qualité.

Mais à part cette utilité, la production est aussi un moyen pour l’apprenant de valider ou d’invalider des éléments dans son système d’interlangue. C’est par le dire qu’un individu adulte entre en interaction avec ses confrères et c’est à travers cette interaction qu’il prend conscience de lui-même, y compris son statut actuel de la langue, et qu’il fait des efforts pour avancer.

Un petit mot sur une idée de Krashen par rapport à l’effet négatif de la production précoce. Selon Krashen, à cause de la production avant la formation d’une capacité suffisante pour une performance naturelle, la LM fonctionne comme un substituant de l’initiateur d’énonciation et le Moniteur rajoute les traits morphologiques nécessaires ou corrige l’ordre des mots quand il se distingue de la LM ; ainsi le transfert émerge. D’un côté, le point sur le substituant de l’initiateur d’énonciation est très attirant, de l’autre côté, une question s’impose : est-ce que le transfert vient tout à coup avec la production ; n’existe-il pas déjà dans la compréhension des données en amont ? L’incompréhension, par exemple, ne provient-elle pas parfois du transfert ? Et, quel est le rapport entre l’effacement du transfert négatif dans le processus de la compréhension et celui dans la production ? Les deux sont-ils faits de la même manière ?