Chapitre V L’interaction et l’apprentissage d’une langue étrangère par l’adulte

L’approche interactionniste et l’apprentissage

Des notions principales dans l’approche interactionniste

L’interaction exolingue et la Zone Proximale de Développement

L’interaction exolingue s’effectue entre deux parties aux niveaux linguistiques asymétriques, la langue de communication étant la langue maternelle pour l’une et la langue cible pour l’autre. Selon B. Py, deux principes régissent l’interaction exolingue, à savoir la conviction que les interlocuteurs agissent ‘de manière sensée’ et la collaboration spontanée à la reconstitution du sens au cas de panne communicative. (Bulletin suisse de linguistique appliquée, 63/1996, 11-23)

Liée à la notion de la collaboration est celle de la Zone Proximale de Développement (ZDP) qui désigne ‘la distance comprise entre ce que l’enfant peut faire seul, de manière autonome, et ce qu’il réussit à faire en collaboration avec un adulte.’ Initialement appliquée à l’acquisition de la langue maternelle par l’enfant, cette notion convient aux cas où l’apprentissage d’une langue étrangère, à part la communication, constitue l’objectif de l’alloglotte. (Matthey 1996)

La conscience de l’apprenant détermine quelle forme est sélectionnée pour entrer dans la Zone Proximale. De nombreux facteurs se combinent pour contraindre ou pour promouvoir cette conscience : le vécu langagier, la représentation linguistique de la LC, la nature de l’interaction, et aussi les stratégies d’aide de la part du natif. Par exemple, un principe pragmatique de communication adopté par l’apprenant peut l’empêcher de percevoir une donnée qui se trouve objectivement dans la Zone Proximale et ainsi entrave l’avancement de l’interlangue. Dans ce cas, la partie experte de l’interaction peut induire l’attention de la partie ‘faible’ sur le code tout en ne pas endommager la communication.