Les Séquences Potentiellement Acquisitionnelles (SPA) et les Occurrences Données-Prises (ODP)

Grâce à la collaboration avec le natif, l’apprenant capte des données linguistiques dans l’interaction et les rend objet des activités cognitives internes. ‘Le traitement discursif des données de la sphère privée de l’apprenant provient de l’interaction discursive.’ M. Matthey affirme que ‘l’interaction devient ainsi un lieu privilégié pour l’observation de la mise en œuvre et de la construction de l’interlangue.’ (« Processus d’acquisition et construction des connaissances » dans La notion de contact de langues en didactique)

Ce phénomène interpersonnel pertinent à l’apprentissage est expliqué par la notion de SPA — Séquences Potentiellement Acquisitionnelles. Elle désigne ‘toute séquence conversationnelle exolingue organisée autour d’un problème de formulation rencontré par le locuteur alloglotte, et perçu comme tel soit par lui-même (et donnant lieu à une sollicitation d’aide), soit par son interlocuteur natif, épisode suivi de la présentation d’une donnée (input) traitée comme telle par l’alloglotte.’ (Matthey 1996) Pour avancer plus loin dans l’esprit de l’approche interactionniste, il nous faut clarifier certaines notions de base dans le cadre de SPA.

La prise renvoie à la répétition d’une donnée fournie par le natif ; la saisie englobe le traitement et le stockage de la donnée et constitue un véritable indice de l’acquisition. ‘Toute prise n’est pas une saisie ; toute saisie ne se manifeste pas par une prise.’ (Idem) Les ODP, i.e. les occurrences données-prises, se forment au sein de la négociation entre les interactants et sont déclenchées par un obstacle communicatif ; elles révèlent de plus près les activités cognitives de l’apprentissage et le potentiel acquisitionnel rendu possible par l’interaction interindividuelle.