Faire le changement de trajets de la communication au code

En cas de difficulté communicative verbale, un bon enseignant ‘nature’ sait faire usage des informations contextuelles et des moyens paraverbaux dans une mesure optimale. Il sait également conduire son partenaire à se servir de ces divers moyens. Mais un bon étayage sous-tend aussi que les moyens non-verbaux complémentent mais non pas réduisent la verbalisation.

Et puis quand c’est possible ou nécessaire, le bon enseignant ‘nature’ attire l’attention de l’apprenant sur la forme en question. À son initiation, les deux parties construisent ensemble des séquences latérales qui se focalisent sur le code avant qu’ils retournent à la communication en route. C’est l’alternative même entre les deux trajets parallèles de communication et de négociation sur le code qui rend l’interaction si propice à l’apprentissage de la langue. Le travail acquisitionnel sur-le-champ accomplit à temps un traitement cognitif de la nouvelle forme par le biais phonologique et/ou sémantique associatif dans la mémoire à court terme. Sans ce travail instantané, la nouvelle forme exerce un impact trop éphémère pour un stockage dans la mémoire pour être mobilisée ultérieurement.

Un bon enseignant ‘nature’ sait donc profiter des pannes communicatives et y réagit d’une manière qui transforme la panne en une occasion d’apprentissage. Par son souci empathique et sa sensibilité, le natif montre à son interlocuteur étranger sa volonté de travailler avec lui sur le dépannage avec des efforts coopératifs. Il l’aide dans le balisage de la difficulté langagière quand cela est nécessaire et il surtout montre sa volonté de lui accorder du temps.

Cette volonté par contre ne va pas si loin jusqu’à l’opposition. C’est-à-dire le natif ne pousse pas son partenaire à verbaliser son problème. Il y a des raisons justifiables pour que la thématisation ne se produise pas : pour protéger ‘la face’, pour poursuivre le fil communicatif ou parce que l’item est hors la Zone Proximale. En tout cas de figure, sous un bon ‘contrat’ de confiance (réciproque et en soi-même), de latitude, de respect et de stratégies, un alloglotte motivé devient au fur et à mesure plus à l’aise pour expliciter ses difficultés, solliciter plus librement de l’aide et participer plus activement dans l’interaction.