Déclencher un changement de situation interactive

Du début du corpus jusqu’au tour 88, le paysage est de deux couleurs distinctes : d’un côté, Y pose des questions avec un but communicatif, de l’autre côté, D essaye de comprendre les données de Y et donne des réponses brèves. Ce déséquilibre conversationnel ne plaît pas tout à fait à Y : telle interaction n’est pas naturelle, elle rend sa part communicative lourde et son apprenant n’a que peu d’occasions à parler en la langue cible. Il faut équilibrer les responsabilités et les activités. Sur le tour 89 elle demande son partenaire :

Y : …NI3’ .. BU4XIANG3’ tu n’as pas des questions pour me poser / (rit)

你 不 想

toi -non- vouloir

Tu ne veux pas

Le changement du chinois au français est dû à l’anticipation d’une difficulté insurmontable de compréhension pour D. Le petit rire adoucit en quelque sorte cette demande qu’elle juge brusque dans une communication réelle et imposante par rapport à leurs statuts égaux.

Heureusement la définition commune de la nature de leurs cours sous-tend une reconnaissance que le non-natif, à cause du grand restreint de sa capacité langagière, n’arrive pas à libérer son attention du traitement linguistique pour gérer la situation globale. C’est donc le natif qui se prend cette responsabilité.

En plus le non-natif a envie de parler en la langue cible dans un environnement cordial et encourageant. Si beaucoup de non-natifs au niveau débutant ne s’expriment que peu dans le milieu naturel, c’est souvent parce qu’il juge que l’environnement n’est pas assez tolérant. Dans le cas de notre apprenant du chinois D, il non seulement accepte volontiers la demande de Y sur le tour 89, il prend désormais l’initiative de poser des questions basées sur le vocabulaire qu’il vient de rencontrer dans le début du cours. Cela dure jusqu’à quand Y introduit un nouvel item ‘DIAN YING’ dans sa réponse à une question de D.