Résumé

À travers notre analyse de la situation des cours face à face et de notre corpus d’un cours d’échange entre C et Y, quelques caractéristiques de cette situation se mettent en relief.

La définition du rapport entre les deux partenaires est particulière. Le contrat de cours d’échange est une promesse réciproque de prendre soin de l’apprentissage de sa langue maternelle par l’autre personne. Ce soin basé sur l’esprit d’entraide est moins d’enseigner la langue que d’aider l’autre à s’approprier cette langue, moins d’imposer son autorité de l’expertise langagière que d’être sensible aux besoins de l’apprenant selon la capacité actuelle de son interlangue. Le contrat sous-tend que l’on s’attend à l’ignorance, aux erreurs, au ralentissement et à beaucoup d’autres choses que l’on ne veut pas ou ne peut pas permettre ailleurs. Et donc sont mises en place dans ce mini-espace interindividuel la sensibilité, la patience, la tolérance et de l’aide de qualité, toutes en grande quantité.

La reconnaissance par les deux partenaires de ces vertus baisse largement le filtre affectif, alimente la motivation, promeut une grande activation cognitive et stratégique chez l’apprenant et permet également le natif de mettre en œuvre une multitude de stratégies d’étayage dans la construction coopérative de la capacité du non-natif.

Nous avons cité des exemples dans le corpus qui montrent qu’un réglage approprié de la distance entre i et i + 1 dans les données de Y facilite les prises efficaces de D souvent par extraction des nouvelles formes et leur intégration dans ses propres énoncés. Par conséquent, non seulement est contrôlé le coût d’acquisition, la cohérence acquisitionnelle, mais aussi le coût d’étayage.

À part le critère de i + 1, un débit ralenti et une prononciation claire des syllabes et des tons sont aussi très importants pour optimaliser le traitement des données par un débutant. Les données dans notre corpus satisfont ces conditions.

Le cours d’échange entre D et Y se poursuit sur deux chemins parallèles : l’apprentissage et la communication. À ce stade débutant où il n’y a quasiment pas de possibilité de communiquer verbalement sans difficulté d’intercompréhension, les occurrences de négociation sur le code sont nombreuses. Le taux des efforts sur l’apprentissage contre la quantité d’informations communicatives est si haut que l’on ne peut plus appeler les premiers des séquences latérales d’apprentissage. Mais si ces séquences d’apprentissage débutent par le besoin d’échanger des messages, les deux partenaires dans le cours les ramènent toujours à la communication. Ce retour est très important car il donne un sens à l’apprentissage de langues par des adultes.

En résumé, notre analyse prouve que le contrat de cours d’échange, la définition précise du rapport interindividuel comme d’entraide et l’évolution des éléments sous le contrat vers la finesse grâce à la sensibilité l’un à l’autre peuvent réduire le coût de l’apprentissage d’une langue étrangère par l’adulte — le coût selon le critère fondamental de la cognition et selon d’autres critères qui l’influencent tels que le facteur affectif, la possibilité de mise en œuvre des stratégies, la qualité de l’étayage et bien sûr la qualité des données langagières.