Les bibliothèques municipales : champ d’étude et source d’hypothèses

Les bibliothèques municipales constituent notre terrain de recherche. Notre choix pour ce type de bibliothèques se justifie d’abord par le peu de travaux de recherche qui s’intéressent aux problèmes de gestion au sein de cette catégorie de bibliothèques. Les Bibliothèques universitaires sont plus favorisées de ce point de vue. Ensuite, les communes, tutelles et principaux bailleurs de fonds, vivent une situation financière tendue, où l’ajustement entre les besoins et les ressources devient de plus en plus difficile. La volonté de maîtriser ou plutôt de diminuer les dépenses est souvent exprimée. Les perturbations financières font, dès lors, partie du paysage fonctionnel des BM qui peuvent donc constituer un terrain représentatif pour notre problématique.

Par ailleurs, la définition même d’une BM, la réalité de son évolution et l’environnement dans lequel elle évolue ont constitué des points sur lesquels nous avons bâti nos hypothèses. La BM est un service municipal dont la création et l’existence dépendent de la mairie, un service public à destination d’une population, à priori déterminée : la population de la commune, qui constitue la raison d’être et donc sa satisfaction reste l’objectif primordial ; un service dont la réalité révèle encore un état de carence, l’état d’un service public encore loin d’être performant. Dès lors, la bibliothèque municipale est un espace politique dont la gestion et la définition des missions dépendent des orientations des élus. Aussi, en tant qu’espace public destiné à une population qu’il faut satisfaire, cette dernière (la population) intervient pleinement dans la détermination des orientations. De plus, la présence d’un personnel assurant le fonctionnement et dont l’efficacité de l’institution ne peut être garantie qu’en fonction de sa créativité, de sa capacité et de sa volonté à surmonter et à gérer les contraintes, nous laisse avancer que son rôle ne peut être négligeable ou marginal dans le processus décisionnel. Dès lors, la prise de décision ne peut dépendre uniquement des choix politiques. Ainsi, les différents choix adoptés au sein des bibliothèques municipales ne peuvent être dictés.

Même si les bibliothèques municipales continuent à subir des difficultés et n’arrivent pas à trouver leur juste place dans la politique culturelle de certaines communes, ceci ne met en cause leur existence. L’importance de leur rôle, tant patrimonial et culturel que social et économique, dans la ville ne peut conduire les élus, quelle que soit leur appartenance politique, à une négligence totale d’une telle institution. De plus, l’état de son évolution ne peut être déterminé par l’unique volonté des élus. Bien d’autres facteurs sont fortement présents, accordant aux bibliothèques la place dont elles bénéficient.

Par ailleurs, face aux difficultés et aux carences dont souffrent les BM, la recherche de moyens et le suivi des modalités de gestion garantissant leur efficacité sont, dès lors, fondamentaux. La perturbation financière qu’elles subissent ne peut qu’intensifier cette recherche. Ceci laisse supposer, d’une part, une adoption développée des outils et des démarches managériales pour assurer une rationalité, une optimisation des ressources et par conséquent une gestion réfléchie et l’adoption de solutions pensées. D’autre part, sans omettre les capacités offertes par les différents organismes du secteur public, laisse croire à une ouverture plus large sur le secteur privé, afin de développer des sources de financement et aussi de l’impliquer dans l’exécution de certaines tâches permettant la réduction des coûts de fonctionnement.

En outre, la BM se présente en tant qu’institution d’intérêt général, un service public dont le fondement est la démocratisation d’accès. Mais, l’instabilité financière a induit une logique de gain, un discours d’intérêt et d’argent amenant, par conséquent, à la conception de la bibliothèque comme une source d’argent.

La confirmation de la valeur d’une bibliothèque ne passe pas par l’atteinte de son objectif économique mais plutôt par la conciliation de celui-ci avec l’objectif informationnel, social et politique. De ce fait, la viabilité des choix gestionnaires et la réussite de leur continuation ne peuvent être garanties en se limitant à la possibilité de réaliser des économies et ne peuvent être envisagées dans cette optique. Chaque solution ou mode de gestion adoptés par les bibliothèques portent des avantages et des inconvénients, dont seuls les professionnels ont la capacité de faire le recensement et l’évaluation. L’option pour un choix gestionnaire ou un autre, en fonction de ses avantages économiques, reste réducteur de l’activité d’une bibliothèque. Le réel gain réside dans ce qu’elle apporte à son public. Par conséquent, le choix doit être effectué en fonction de ce que chaque solution peut apporter pour la satisfaction de ce public et donc ce qu’elle apporte au fonctionnement, aux services offerts et au renforcement de sa position au sein de son environnement.

En effet, l’option pour un choix gestionnaire ou un autre ne peut s’effectuer que dans le cadre de la conciliation entre les avantages aussi bien économiques, qu’informationnels, politiques, fonctionnels, etc.