Méthodologie

Comment manager ou gérer un établissement public et précisément une bibliothèque, ce premier questionnement a constitué le fondement de notre première réflexion. C’est pourquoi, notre travail a débuté par une recherche bibliographique sur le management public. Ceci nous a permis d’acquérir, essentiellement, des connaissances dans un secteur qui nous était inconnu. De plus, comprendre comment manager, c’est aussi comprendre comment ré-manager en fonction de tout changement tel que le cas d’un changement budgétaire. L’étude de la littérature nous a permis de recenser les différentes modalités de gestion appliquées au sein des organisations publiques et en particulier au sein des établissements culturels dont la logique n’est pas très éloignée de celle de la bibliothèque. Elles se résument en deux possibilités déjà indiquées dans notre problématique, à savoir le management en se repliant sur soi-même et le recours à l’extérieur. Ce qui nous intéresse est d’étudier leur application au sein des bibliothèques et donc de dégager leurs atouts, contraintes et inconvénients. Notre approche est en effet évaluative. Nous tenterons à travers notre analyse, tout en apportant des éléments de réponse à nos questions problématiques de départ, de recenser, sans prétendre l’exhaustivité, les effets de chaque choix et de les répertorier. Le terrain et la littérature représentent nos sources d’informations. C’est pourquoi la présentation de notre travail s’articule parallèlement entre l’analyse de la littérature et les conclusions tirées des enquêtes.

Pour ce faire et pour une meilleure récapitulation des données, l’élaboration d’une grille représentative des différentes composantes de la bibliothèque nous apparaît fondamentale. Une telle grille de composantes nous permet, d’un côté, de cerner et de répertorier les différents effets de chaque choix ou modalité de gestion et donc de guider notre analyse. D’un autre côté, elle constitue l’embryon d’une grille d’évaluation permettant aux professionnels de décider d’opter pour un choix ou pour un autre tout en tendant vers une vision la plus exhaustive possible. Cette grille constitue notre ambition finale.

La construction globale de notre travail s’articule autour de deux parties qui regroupent neuf chapitres.

La première partie est composée de 4 chapitres, consacrée aux Bibliothèques municipales : évolution et modèle. Le premier chapitre : Bibliothèques municipales : évolution et bilan s’intéresse essentiellement à leur évolution et situation durant la dernière décennie. L’historique des BM, montre que ces dernières ont connu une évolution spectaculaire. Cependant, il révèle encore des carences importantes. La recherche des explications nous amène au deuxième chapitre : Bibliothèques et tutelles  ; il s’agira ici de déterminer la place qu’accordent les tutelles à cette institution, les raisons de leur positionnement à travers l’analyse la nature des rapports qui les relie ; de même au troisième chapitre : Bibliothèques et réalités budgétaires . La place qu’occupe une bibliothèque peut trouver sa traduction dans ses réalités budgétaires. Réalités que nous avons essayé d’identifier à travers les données de la Direction du Livre et de la Lecture (DLL) et sur lesquelles nous avons interrogé les professionnels. La confrontation de telles données et d’une telle évaluation peut nous permettre de juger de la crédibilité des discours de nos interlocuteurs.

Par la suite nous tenterons donc de modéliser la bibliothèque, en détaillant ses différentes composantes. Ce qui nous amène au quatrième chapitre Bibliothèque et modèle , consacré à la construction d’un modèle théorique de la bibliothèque qui servira comme fondement de l’outil final, comme nous l’avons indiqué, d’évaluation des effets des différents choix et modalités de gestion.

La deuxième partie est composé de six chapitres et consacrée à la présentation des choix gestionnaires et leurs applications au sein des bibliothèques. Le premier chapitre, Management public et bibliothèques , sera consacré à la définition du management, à la détermination de ces outils et démarches et à leur intégration au sein des bibliothèques, pour conclure sur leurs manifestions et applications réelles au sein des BM enquêtées.

Ultérieurement, nous nous sommes intéressés aux différents autres choix, dont chacun fait l’objet d’un chapitre, les raisons de leur application, leurs effets sur les différentes composantes de la bibliothèque. Dès lors, le deuxième chapitre de cette partie, Les bibliothèques municipales des villes moyennes et les pratiques managériales , présentera les solutions de repli constatées sur le terrain, à savoir les solutions adoptées pour surmonter la diminution et pour exploiter l’augmentation budgétaire obtenue, et recensera leurs effets.

Le troisième chapitre portera sur le recours à la tarification ; le quatrième sur le recours à la subvention ; le cinquième sur le recours à la coopération et le sixième sur le recours à la sous-traitance.

Nous terminerons avec la conclusion générale et l’élaboration d’un outil d’aide à la décision.

Lors de notre approche pratique, pour une meilleure représentativité de notre objet de recherche, il nous est apparu intéressant de choisir les bibliothèques municipales des villes moyennes (BMVM). Parce qu’elle représente un échantillon assez large et riche. De plus, les occupations existantes, des chercheurs, sont principalement orientées vers les bibliothèques des grandes villes.

Selon la définition de la direction du Livre et de la Lecture (DLL) et l’association des maires des villes moyennes ; une ville moyenne est une ville dont le nombre d’habitants varie entre 20 000 et 100 000.

Le recueil des données sur le terrain a commencé par la vérification de la situation financière des BM des villes moyennes. Nous avons, dès lors, consulté les budgets de toutes les BM des villes moyennes françaises pour la période 1990-2000. Nous avons choisi cette période pour deux raisons. La première étant les élections municipales qui ont eu lieu pour les villes françaises en 1995. Et ceci pour vérifier si la couleur politique influence le financement des bibliothèques. La deuxième, parce que cette période est assez représentative de l’évolution des budgets des bibliothèques dans le temps.

Par la suite, nous avons lancé une enquête couvrant l’ensemble des bibliothèques municipales des villes moyennes. Sur les 352 bibliothèques sollicitées, nous avons reçu 163 réponses dont 145 sont exploitables. Soit un pourcentage de réponses effectives de 41,19%. Notre questionnaire visait :

• A éclaircir la situation budgétaire des BM et à identifier la place qu’elles occupent dans la politique culturelle municipale des villes moyennes. Cette évaluation sera faite en comparant la part du budget alloué à la bibliothèque par rapport au budget communal. En outre, on s'est intéressé aux facteurs qui peuvent influencer ce financement et notamment l'influence possible de la couleur politique des communes sur la part budgétaire consacrée aux bibliothèques.
• A connaître la gestion des ressources financières quand elles augmentent ou quand elles diminuent.
• A identifier les différents choix gestionnaires et à repérer la nature de leur manifestation.

Afin d’affiner nos résultats nous avons opté pour une deuxième enquête qualitative, à base d’entretiens, effectuée parallèlement auprès des élus et des responsables des bibliothèques. Elle nous a permis d’avoir d’un côté, le point de vue de chacun de ces deux acteurs et de l’autre côté de pouvoir juger de la crédibilité de l’information obtenue.

Pour le choix des villes dans lesquelles nous avons effectué nos entretiens, et vu la multiplicité des situations des bibliothèques, nous avons essayé d’élaborer un échantillon assez exhaustif. Nous avons contacté 20 bibliothèques et mairies. Nous avons reçu les réponses de 15 villes. Afin de garder l’anonymat de nos interlocuteurs, ces derniers seront présentés au cours de ce présent travail par des codes tels que [V69, A61]

Les entretiens effectués se présentent, dans le tableau suivant, comme suit :

Le questionnaire et le guide d’entretien sont portés en annexe.

Nos critères de choix sont les suivants : la population, la situation financière, la couleur politique, les modes de gestion et la nature de l’activité ainsi que l’emplacement géographique :

• La population : Notre étude s’intéresse aux villes de population moyenne (de 20 à 100 milles habitants). Cette fourchette est assez large. C’est pourquoi, nous l’avons découpé en trois classes assez représentatives qui sont : de 20 à 45 milles habitants, de 45 à 70 milles habitants et de 70 à 100 milles habitants.
• La situation financière : Durant cette décennie, certaines bibliothèques ont connu une augmentation budgétaire. Alors que d’autres ont subi une stagnation ou une diminution. Cette perturbation a eu un impact sur les choix et les modes de gestion, les activités et les services.
• La couleur politique de la ville : Dans certains cas, le changement politique a introduit un changement véritable sur le fonctionnement de la bibliothèque. Par ailleurs, il nous est apparu intéressent d’éclairer l’influence que peut avoir la couleur politique sur les choix des bibliothèques.
• Les choix et les modalités de gestion : Selon les résultats de notre questionnaire, les bibliothèques ont, soit opté pour des choix de gestion différents, soit elles appliquent les mêmes choix mais d’une manière différente. A titre d’exemple, de nombreuses bibliothèques coopèrent au niveau local, dans le cadre d’un réseau informatique. D’autres bibliothèques coopèrent au niveau départemental, dans le cadre d’une association ou encore les bibliothèques qui n’adoptent aucune forme de coopération. Quelles sont les raisons des unes et des autres ? S’agit –t-il d’une réelle préférence ou d’un manque de choix, etc.
• L’emplacement géographique : nous avons remarqué à travers notre questionnaire que l’emplacement géographique a eu une importante influence sur le recours à la coopération, à la sous-traitance et même sur la nature de l’offre, etc. C’est pourquoi, nous avons choisi des villes qui sont à proximité des grandes villes et d’autres qui sont, si nous pouvons dire, « isolées. »

Par ailleurs, à travers les entretiens, nous avons cherché à comprendre la perception réelle qu’ont les élus de leur bibliothèque, leurs objectifs et orientations à travers la bibliothèque, les formes de leurs interventions, leur influence sur les choix gestionnaires et la prise de décision au sein de la bibliothèque. Concernant les responsables des bibliothèques, nous cherchons à déterminer la procédure décisionnelle et à identifier les enjeux ou les rapports de force qui sont sous-jacents, en plus de leur façon de gérer leur établissement.