4- Les années 90 : paysage interne des BM et constat d’insuffisance

Le nombre de BM est passé de 1614 en 1990 à 2886 en 2000. Par ailleurs, le nombre de discothèques de prêt est passé de 576 en 1990 à 1503 en 2000, et le nombre de vidéothèques de prêt est passé de 104 en 1990 à 876 en 2000. L’évolution est donc incontestable et confirmée par une progression d’offre et d’espace. Mais qu’en est-il réellement ?

D’abord, si beaucoup a été fait, comme le confirme de nombreux auteurs, on est loin d’avoir atteint une couverture territoriale satisfaisante. De plus, durant cette décennie, les BM connaissent une évolution budgétaire déséquilibrée. Les dépenses d’investissement et celle de fonctionnement, pour les différentes BM recensées, n’ont pas suivi le même rythme d’évolution. L’interprétation des chiffres du tableau suivant nous en fourni une idée.

Tableau n°2 : l’évolution des dépenses de fonctionnement et d’investissement des BM
Année 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Nbre BM   1571 1728 1819 1907 2048 2184 2263 2374 2496 2641
Dépenses de fonctionnement en personnel (frs/hab) 53.00 58,46 61,60 66,99 69,87 75,64 78,83 82,56 89,25 94,52 97,57
Nbre BM 1575 1558 1959 2045 2122 2307 2479 2487 2451 2762 2878
Dépenses de fonctionnement en acquisition (frs/hab) 11.30 12.35 12.64 13.03 13.28 13.25 13.79 14.01 14.58 15.38 15.97
 Nbre BM   931 963 1147 1185 1187 1248 1339 1448 1602 1789
dépenses d’investissement frs/hab   19.9 25 27 32.8 23.5 20.9 21.1 27.1 40.15 48.73

L’évolution constatée est caractérisée par une croissance constante et importante des dépenses de fonctionnement pour le personnel tandis que les dépenses de fonctionnement pour les acquisitions connaissent une croissance, certes réelle, mais véritablement moindre.

Parallèlement, les dépenses d’investissement sont marquées par une croissance fluctuante mais spectaculaire et ce particulièrement en 1998. Dès lors, cette multitude de nouveaux équipements ne sont pas accompagnés par les moyens de fonctionnement adéquat. Un tel écart entre la capacité d’investissement et les moyens de fonctionnement engagés pour ces nouveaux équipements, comme le constate D. Arot (2001), demeure préoccupant pour l’avenir. C’est au moment même de la constitution des collections et de l’organisation technique de l’offre que les compétences scientifiques et techniques les plus solides devraient être mobilisées et non marquées par une forte tendance à la baisse, tendance que nous verrons postérieurement. Selon Laurence Tarin (1998), « on assiste à la distinction des bonnes et des mauvaises dépenses. Les dépenses d’investissement sont parées de toutes les vertus : elles renvoient à l’image de l’élu entrepreneur ; celles de fonctionnement, en revanche, connotent le gaspillage bureaucratique. »