4.3- L'évolution des collections et des services

L’explosion informationnelle et l’évolution technologique qu’ont connu les BM ont fortement participé à la modification des collections dont elles disposent. De nouveaux supports sont venus compléter les supports traditionnels (les livres, les périodiques, les vidéocassettes, etc.). Ils sont aujourd’hui sous forme de cédéroms, de bases de données en ligne, de documents numériques et dernièrement de livres électroniques. La disponibilité de ces différents supports au sein des locaux des bibliothèques a permis à une grande partie d’entre elles de se transformer en médiathèque. La diversification des supports est en effet patente. Mais, les collections évoluent de manière déséquilibrée. Les plus grandes villes (80000 habitants et plus) maintiennent le développement de leurs collections d’imprimés en révisant à la baisse l’audiovisuel, alors que les petites communes (moins de 20000 habitants) sont d’avantage conduites à sacrifier les imprimés. Dans les différentes BM, la répartition des ressources selon les types de documents évolue peu. La progression est, généralement, en faveur des imprimés.

En outre, l’augmentation et la diversité de l’offre et la volonté des bibliothèques à intégrer ces supports et à se moderniser ont primé sur une réflexion consciente quant aux collections et à leurs usages. Le taux de renouvellement des collections est en légère diminution. Dès lors, dans une perspective de développement équilibrée, une politique d’acquisition raisonnée s'impose. Les bibliothécaires sont appelés de plus en plus à réfléchir sur l’état de leur collections aussi bien que sur le contenu de leurs acquisitions en privilégiant certains axes ou en conservant l’encyclopédisme de leurs fonds. De plus, comme nous l’avons déjà évoqué, cette variété des supports a fait apparaître, de son côté, le problème de qualification et de formation du personnel, une remise en cause du savoir-faire étant alors devenue permanente.

Parallèlement, cette offre diversifiée est accompagnée par la multiplicité des services et le changement de leur nature. En plus de l’interrogation des catalogues et la consultation des fonds au sein de la bibliothèque, de nombreux autres services viennent se rajouter suite à l’évolution technologique. Ceci a débuté par l’informatisation et s’est amplifié suite à la numérisation des documents et à la prolifération de tels projets.

L’introduction de l’informatique dans les bibliothèques en France a débuté à la BM de Tours, en 1959, sous forme de cartes perforées pour gérer le prêt. Les systèmes intégrés apparaîtront à la fin des années 70, début des années 80. Selon le rapport de la DLL de 1992 sur l’informatisation des BM, le nombre de BM informatisées ou en projet d’informatisation était de 638. Ce chiffre n’avait pas dépassé 650 en 1993 15 . En 2000, il a atteint 1871 bibliothèques soit 64,8% des bibliothèques municipales. Le taux d’informatisation des bibliothèques diminue en rapport à la taille de la ville. Mais l’évolution reste spectaculaire à l’échelle nationale.

Concernant les fonctions du système informatique utilisé par les bibliothèques, l’évaluation publiée en 1998 par le Ministère de la culture et de la communication conjointement avec la DLL constate la différence dans l’utilisation qui est faite des différents modules de gestion et en particulier des modules d’acquisitions, du bulletinage des périodiques et du prêt entre bibliothèques, qui semblent les moins utilisés.

Par ailleurs, les réseaux se sont multipliés. Le Ministère de la culture et de la communication en association avec la DLL dénombrent en 1998, 58 réseaux auxquels participent 90 BM. Il s’agit de réseaux regroupant une BM et une BU, une BM et des centres de documentation d’établissements d’enseignement secondaire ou d’enseignement supérieur. En 1995, 34 réseaux étaient recensés. C’est donc plus d’une vingtaine (24) de nouveaux réseaux qui se sont mis en place dans l’espace de 3 ans. Cette relation permet d’assurer un partage des acquisitions dans 16 BM ; un catalogage partagé dans 63 BM ; une consultation des différents catalogues afin de permettre le prêt entre bibliothèques dans 29 BM ; une consultation des différents catalogues sans prêt entre bibliothèques dans 58 BM et un catalogue commun consultable sur le réseau Internet dans 8 BM.

De plus, les BM ont enrichi leur offre de service en permettant un accès Internet à leurs usagers. Selon les données de la DLL, 250 BM, soit 9,5 % des BM en 1998, offrent un accès public à Internet. Ce chiffre a grimpé à 828 BM en 2000, soit 28.6% des BM. Dans ce domaine, l’inégalité profite aux communes les plus peuplées. Dans certaines bibliothèques, l’accès à Internet est exclusivement réservé au personnel.

En 2000, 49 BM proposaient leur catalogue sur Internet. Cependant, la majorité des BM se limite à une présentation de la bibliothèque à travers soit, leur propre site Web soit celui de la mairie. L’accès au catalogue sur Internet est un service qui progresse lentement vu, d’une part, les problèmes techniques qu’il entraîne et, d’autre part, les coûts supplémentaires en matériels et en logiciels mais également les coûts d’études et de conception d’ensemble qui sont loin d’être négligeables.

Avec le développement des documents électroniques qui s’est amplifié en 1997, les BM ont d'avantage intensifié leur effort pour la numérisation des documents de leurs fonds. La DLL avance avec prudence le chiffre de 53 bibliothèques en 2000 qui numérisent des documents de leurs fonds dont 20 d’entre elles les numérisent et les stockent localement. L’offre est devenue polyvalente. La bibliothèque traditionnelle cohabite avec le numérique.

Cependant, face à la progression du niveau de l’offre, les horaires d’ouverture ont stagné de 1992 à 2000. La moyenne des jours par semaine n’a pas dépassé les 4.3 de 1992 à 1998 pour atteindre 4.38 en 2000. La moyenne nationale des heures d’ouverture hebdomadaire des BM demeure insuffisante. Elle est de l’ordre d’un peu plus de 19 heures. A titre de comparaison, 700 BM britanniques sont ouvertes plus de 45 heures par semaine, 1600 plus de 30 heures.

Notes
15.

Association des Bibliothécaires Français.- Le métier de bibliothécaire.- Paris : éd du cercle de la librairie, 1996, p71