1- La place de la bibliothèque dans la politique municipale

Les bibliothèques municipales relèvent, selon les cas, soit directement des compétences des maires, soit du secrétaire général de la commune, soit d’une direction culturelle. Un adjoint parmi les conseillers est nommé par le maire comme responsable des affaires culturelles de la commune. Il sera l’intermédiaire entre la direction de la bibliothèque et le conseil municipal. Les compétences de ce dernier dans le domaine culturel déterminent énormément dès le départ la place que peut occuper la bibliothèque dans la politique culturelle de la ville.

Certaines mairies ont énormément investi pour combler le retard culturel dont souffraient leurs villes. Les bibliothèques en ont ainsi bénéficié. En effet, la volonté de construire et de donner les moyens pour faire évoluer le niveau des services offerts aux usagers est une réalité vécue par certaines bibliothèques. Le budget accordé, l’implantation de la bibliothèque au sein de la ville et le réseau qu’elle possède témoignent, selon les élus, de l’importance et de la place qu’ils accordent à un tel établissement. Certaines villes, dont le nombre d’habitants ne dépasse pas 40 000, possèdent jusqu’à 3 annexes en plus du bâtiment central et offrent des services multimédias. Une des bibliothèques enquêtées possède 9 annexes. Les responsables politiques rappellent aussi que le renouvellement ou l’amélioration et la diversification de l’offre engendrent des besoins nouveaux entraînant des demandes nouvelles. En effet, toute offre nouvelle provoque en retour des demandes qui n’existaient pas auparavant. De ce fait, l’acceptation de renouveler ou d’agrandir la bibliothèque et d’améliorer l’offre, signifie leur engagement à supporter des dépenses supplémentaires et ne peut traduire que l’intérêt et la volonté politique de développer un tel secteur.

En revanche, l’intérêt particulier à la culture, affiché par les élus, a été parfois démenti et parfois confirmé par certains directeurs des affaires culturelles. Certains confirment que la culture incluant la bibliothèque constitue l’un des axes forts de leur municipalité. Alors que d’autres ont affirmé que la culture représente toujours un secteur délaissé et que l’occupation des élus pour ce secteur s’est manifestée, uniquement, après avoir résolu les problèmes majeurs de la commune. Le budget de la culture dispose, dès lors, de ce qui reste quand toutes les autres dépenses communales ont été satisfaites. [A92, A61, T10]

‘« La ville avait, et a, d’autres priorités, dont la culture ne fait pas partie pour le moment. » [T10] ’

De leur côté les responsables des bibliothèques confirment cette divergence de position envers leur établissement. Certains d’entre eux trouvent que la bibliothèque est considérée comme un secteur important et que les élus ont compris qu’elle constitue un des services phare de la ville. Dès lors, commentent les directeurs de bibliothèques, ils ont énormément investi dedans ; ils ont toujours fait ce qu’il faut et son développement reste un de leurs soucis.

‘« La bibliothèque est un équipement pour lequel la mairie dépense beaucoup d’argent. J’étais directrice de la bibliothèque de X, c’était la misère la plus totale, alors que la ville est plus grande et la bibliothèque est classée avant notre bibliothèque par la richesse de ces collections. Ici, la Ville joue le jeu. » V78’ ‘« Politiquement, je sais que le souci du maire, comprend le développement de la bibliothèque, comme une des priorités de son action. Cet intérêt est illustré par les moyens engagés. Je considère que nous sommes un champ important parce qu’il y a une politique culturelle au sein de laquelle on est considéré comme un service important et sur ceci il n’y a pas de doute. » P86’ ‘« Pour une ville de 51 000 habitants, on a un réseau de 4 bibliothèques et pour ce nombre d’habitants, je pense que nous sommes assez considérés. En plus, notre implantation est très privilégiée. Je pense que l’emplacement est un choix qui montre la place accordée à la bibliothèque. »’

En revanche, d’autres estiment que la bibliothèque est considérée comme un secteur délaissé. Ils soufrent de la négligence que manifeste leur tutelle. [A61, O84]

‘« Notre élu et beaucoup d’autres sont pareils, ils ne connaissent pas vraiment ce qu’on peut faire autour du livre. Ils ne veulent pas placer d’argent dans la lecture publique. Il y a toujours une grande différence entre ce qu’on avait demandé et ce qui a été voté. Il nous faut plus de livres et au niveau des investissements, il faut renouveler l’immobilier. Mais, avec cette ville il faut rêver. » A61’ ‘« La bibliothèque n’a jamais représenté une priorité pour la ville. » ’

En outre, il ressort des entretiens avec les responsables de bibliothèques, que la majorité d’entre eux trouvent que leur établissement est considéré comme tout autre secteur communal. Il ne représente ni une priorité ou un intérêt particulier, mais n’est pas plus délaissé ou marginalisé.