2.2- l’évaluation de l’augmentation

Selon le tableau n° 2 cité auparavant, 59,3% des bibliothèques ont connu, durant cette décennie, une augmentation budgétaire. 62,8% des responsables des bibliothèques en question jugent l’augmentation obtenue suffisante. Cependant, il est à signaler que certaines parmi elles n’ont pas bénéficié d’une situation d’augmentation budgétaire stable. Ainsi, certaines d’entre elles ont vécu une diminution et une stagnation durant cette décennie. C’est pourquoi, 34,9% (tableau n°6) des responsables de ces bibliothèques jugent que l’augmentation qui leur a été accordée reste insuffisante par rapport à leurs besoins.

Tableau n°8 : L’évaluation de l’augmentation budgétaire obtenue par rapport aux besoins des bibliothèques
  Nb. cit. Fréq.
Non -réponse 4 4,7%
Largement suffisante 9 10,5%
Suffisante 45 52,3%
Insuffisante 30 34,9%
TOTAL OBS. 86  

Dès lors, si la majorité se déclare satisfaite de l’augmentation budgétaire obtenue, ceci ne peut que refléter une satisfaction pour le budget général accordé. En effet, une majorité de 65,1% des responsables des bibliothèques qui ont connu une augmentation trouvent que le budget qui leur a été accordé est satisfaisant. Cependant, 26,7% d’entre eux trouvent que leurs budgets, malgré l’augmentation, ne répond toujours pas à leurs besoins. Un de nos interlocuteurs responsable de bibliothèque[B18] nous explique que les élus ont accepté d’investir plus dans le budget de fonctionnement pour le recrutement mais il se trouve que la situation de personnel est à la base inférieure à la normale.

En outre, malgré la satisfaction déclarée, les moyens mis en œuvre ne furent pas à la hauteur des attentes. Le terme « suffisant » autant pour le budget que pour les augmentations obtenues, signifie, pour nos interlocuteurs, avoir un budget assurant les moyens de fonctionnement quotidien. C’est pourquoi la satisfaction s’accompagne d’un sentiment de mécontentement. Ils expliquent que les augmentations accordées ne permettent pas de créer de nouveaux services (Internet) ou d’enrichir réellement les collections existantes. Elles ne permettent pas de pallier au manque existant alors que les tutelles engagent des moyens importants pour la construction de médiathèques et, une fois encore, sans en prévoir les budgets de fonctionnement adéquat. En effet, la volonté d’investir dans l’architecture et dans les nouvelles technologies a été exprimée par beaucoup de nos interlocuteurs politiques révélant une inadéquation entre le budget de fonctionnement et celui d’investissement. Dans ce cas, le dysfonctionnement des bibliothèques n’est que la conséquence d’une politique municipale.

‘« La bibliothèque actuelle est un projet architectural plus qu’un projet de bibliothèque … c’est la misère des choses de voir la politique de la lecture publique par le prisme uniquement des équipements culturels. » [A92]’ ‘« La bibliothèque est un établissement de prestige, on n’entretient que les apparences… » [R42]’ ‘« Maintenant, il finance l’investissement d’une nouvelle médiathèque mais après il va falloir que le fonctionnement suive. C’est bien beau de faire un beau bâtiment mais si on ne nous donne pas les moyens de le faire vivre… Il va falloir recruter certains postes, il faut les créer bien en amont car ils doivent créer des fonds. » [V94]’

Pour une idée exhaustive sur la situation budgétaire des bibliothèques avec qui nous nous sommes entretenues, nous élaborons à partir des données de la DLL, le tableau suivant, nous permettant à la fois de comparer l’évolution du budget de fonctionnement et celui d’investissement et de vérifier l’évaluation faites par nos interlocuteurs.

Tableau n° 9 : L’évolution budgétaire des bibliothèques enquêtées par entretiens de 1992-2000
Villes Evolution du budget de fonctionnement de 1992-2000 Evaluation des responsables des bibliothèques pour leur budget de fonctionnement Evolution du budget d’investissement de 1992-2000 Evolution du budget des acquisitions de 1992-2000
T10 9,17% Aug. 16,60% -9,80%
B18 10,93% Dim. légère -26,37%  
B34 7,53% Aug. 14,23% 3,09%
R42 34,23% Aug. (nouvel équipement) 5,90% 6,21%
V59 12,38% Aug. -40,93% 3,83%
A61 7,56% Aug. 13,85% 0,31%
V69 0,85% Dim. -35,23% -6,03%
A74 2,20% Stag. -28,43% -1,19%
V78 6,55% Dim. (en 2000) 50,28% -1,62%
O84 4,47% Dim. -29,47%  
P86 12,50% Aug. -70,82% 0,96%
A92 3,30% Aug. 328,23% -0,68%
M93 2,84% Dim. -53,01% -1,26%
V94 4,79% Stag. -17,31% -4,83%
P95 1,72% Dim./aug. 46,39% -13,66%
Figure n° 7 : la présentation graphique de l’évolution budgétaire des bibliothèques enquêtées par entretiens de 1992-2000
Figure n° 7 : la présentation graphique de l’évolution budgétaire des bibliothèques enquêtées par entretiens de 1992-2000

Nous pouvons constater à travers ce tableau le déséquilibre entre le budget d’investissement et de fonctionnement. De plus, malgré le fait que notre questionnement portait sur une période de dix ans, nos interlocuteurs se sont limités soit sur la dernière année, soit depuis l’année de leur recrutement, période qui ne couvre pas notre période étudiée. Dès lors une confrontation entre leur évaluation et les chiffres obtenus ou toute conclusion réelle se révèle difficile.

Les acquisitions, malgré l’intérêt qu’accordent les bibliothécaires à cette ligne budgétaire pour maintenir l’exhaustivité et la continuité, la nouveauté de leurs collections, restent une ligne budgétaire fragile.

Par ailleurs, notre tableau (n°7) ne nous permet pas de constater la volonté d’investir dans l’architecture. Ceci peut être expliqué par le fait que nos statistiques sont étalées sur une période de 8 ans, 1992-2000 alors que la tendance pour l’investissement en architecture s’est manifestée principalement à la fin des années 90. Dès lors, la croissance d’investissement révélée essentiellement en 1998 ne peut être constatable si nous effectuons l’évaluation sur une période de 8 ans.