3- Quelle peut être alors la représentation de la bibliothèque ?

Dire que l’activité d’une bibliothèque est une activité de service n’exclut pas qu’une partie de son activité fonctionne toujours selon le modèle industriel. En effet, la « servuction » en tant qu’ensemble des opérations réalisées en liaison avec l’usager suppose qu’une autre partie de l’activité de production soit coupée de lui. Elle se fait en interne. En jargon marketing, la première partie de l’activité est appelé « front-office » (face avant) et la deuxième est appelée « back-office » (base-arrière). L’activité de service est donc constituée de deux sous-systèmes en interaction : un sous-système de préparation et de maintenance du service et un sous-système de réalisation du service. Cette composition correspond ainsi parallèlement à la logique de l’industrialisation en « back-office » et à la logique de la communication et du relationnel en « front-office ». Ce modèle d’articulation correspond bien au fonctionnement des services d’information. Pour une bibliothèque, cela se traduit par un travail interne plus ou moins éloigné de l’utilisateur et c’est à ce niveau, de cette base arrière, que la logique industrielle est active (activités d’alimentation de fonds documentaires, traitements documentaires) et par l’ensemble de prestations documentaires réalisées dans la relation avec l’utilisateur, représentant le service public. En effet, « la bibliothèque prend un document dans une source, le transforme d’abord en un élément d’une collection, puis la collection est elle-même un élément du service rendu, la consultation ou la lecture du document par un lecteur. Autrement dit, il y a un double processus de transformation, le premier est le traitement physique et intellectuel du document, le second la mise à disposition pour le lecteur. » 26

Par ailleurs, les principales activités de la base arrière ont été généralement regroupées autour de trois phases : l’acquisition ou la récolte des documents, le traitement du support destiné à être prêté, consulté, conservé pour faciliter sa manipulation et le traitement du contenu (c’est toute la production d’informations sur l’information pour faciliter l’accès aux documents catalogage, indexation, etc.) 27 .

A ce niveau, nous pouvons conclure que les approches précédentes, celle du modèle industriel et celle de l’activité de service ont permis d’éclairer l’environnement interne d’une bibliothèque. Elles nous ont ainsi permis d’extraire certaines de ses composantes. Elles peuvent se résumer à :

Par ailleurs, la confiance et la communication entre les décideurs et les professionnels sont deux facteurs primordiaux pour assurer le bon fonctionnement d’une bibliothèque et même sa survie. Suivant cette relation, elle peut se retrouver en première ligne, pivot de l’action culturelle locale, service phare sur lequel on concentre les moyens ou au contraire compter parmi les services mineurs sous-dotés en moyens financiers, en locaux et en personnel.

En outre, les travaux en management nous ont permis de repérer certaines composantes immatérielles, repérables dans les bibliothèques, au sein des organisations. Elles sont multiples et variées. Il s’agit principalement de :

Par ailleurs, en fonction de sa stratégie, l’organisation définie les méthodes de travail et l’organigramme appropriés. Toute organisation a ses propres méthodes de travail et son organigramme qui peut être formel ou informel lui permettant de représenter l’ensemble de la structure, les différents services et fonctions et les relations de travail existant et l’ordre selon lequel elles s’articulent 32 .

Les sources de pouvoir viennent du statut de la personne au sein de l’organisation. C’est le fait d’avoir le potentiel pour obliger les autres individus à effectuer telle ou telle action. C’est autour de la question du pouvoir que le climat social et le relationnel au sein d’une organisation sera déterminé (conflit et tensions, confiance et méfiance, etc.). Ceci nous renvoie à la nécessité d’étudier les différentes relations existantes au sein de la bibliothèque, à savoir les relations internes et les relations externes soit avec sa tutelle et/ou avec ses partenaires.

De plus, toute organisation possède son capital de connaissance (les compétences et le savoir-faire collectif ou de chaque individu).

A ce niveau, la première représentation que nous pouvons élaborer pour une bibliothèque a permis de dégager

De plus, la bibliothèque se représente aussi par son activité. L’évolution de son fonctionnement d’un modèle économique fondé sur une logique industrielle, dont l’objectif est la transformation de documents séparés en éléments d’une collection soudée selon une chaîne séquentielle de tâches (chaîne documentaire), vers un modèle de service qui réhabilite l’usager et le met au centre du fonctionnement de la bibliothèque, nous permet de recenser les composantes de cette activité. Elle est représentée ainsi par l’ensemble des tâches techniques pour une offre basée sur le contact direct avec l’usager. Dès lors, nous ne pouvons guère ne pas analyser les effets de tout changement sur la chaîne documentaire et ensuite sur la nature de l’offre et le rapport avec l’usager.

Nous représentons ces différentes composantes internes dans le tableau suivant :

Tableau n°13 : La représentation de l’environnement interne (composantes internes) d’une bibliothèque
Tableau n°13 : La représentation de l’environnement interne (composantes internes) d’une bibliothèque
Notes
26.

Jean Michel Salaün .- Trois entrées possibles : industries culturelles, politiques publiques, établissements .- in : séminaire sur l’économie des bibliothèque, CERSI , ENSSIB, 12 avril, 1996, p3 (document non publié)

27.

Jean Michel Salaün.- Marketing des bibliothèques et des centres de documentation .- Paris : Cercle de la librairie, 1992, p65

28.

Claire Guinchat, Yolande Skouri .- Guide pratique des techniques documentaires .- Vanves : EDICEF, 1996, p218

29.

Dans son choix des outils de traitement intellectuel (thésaurus) le bibliothécaire est appelé à prendre en considération les caractéristiques des usagers qui sont destinataires des services. En effet les outils ne sont pas utilisés de la même manière dans une bibliothèque publique ou dans une bibliothèque de recherche.

France Bouthilier .- Les personnels .- In : Diriger une bibliothèque d’enseignement supérieur .- Québec : PUQ, 1995, p353

30.

Ibid, p353

31.

JB Gilbert Probst, Jean Yves Mercier, Olivier Bruggimann.- Organisation et management .- Paris : Ed d’organisation, 1997 .- 709p (177p, 265p, 262p)

32.

Ibid

33.

Ibid