1- Le management public : Définition et spécificités

1.1- Eléments de définition

Le management est un terme d'origine anglophone, francisé dans les années 80. Il s’agit d’un ensemble de savoir-faire technique et relationnel, qui consiste à conduire une organisation : mobiliser l’ensemble des acteurs autour d’objectifs communs, fédérer toutes les énergies, optimiser les moyens financiers, humains, matériels dont elle dispose pour atteindre les missions qui lui ont été fixées. Le management vise donc à assurer la cohérence entre les ressources, les missions, et les processus, selon le tryptique : efficacité, efficience, réalisme. En outre, il représente un ensemble des fonctions que Jean François Raux (1995) récapitule dans sa définition du management en quatre fonctions : finaliser, organiser, animer, contrôler l’action et les activités :

  • finaliser revient à orienter l’action, lui donner un sens ;
  • organiser, c’est différencier les fonctions, les pôles de responsabilités et de compétences ;
  • animer, c’est définir et activer les processus de coopération finalisés ;
  • contrôler, c’est évaluer les résultats, apprécier les écarts, réagir sur les paramètres du système, maintenir l’organisation et l’animation en cohérence avec leurs finalités.

Henri Fayol apparaît comme le père de l’approche managériale dans l’administration, à une époque, où on ne parle pas encore de « management public ». Il affirme l’importance de la gestion dans le bon fonctionnement d’une organisation. Elle implique la prévision, l’organisation, le commandement, la coordination et le contrôle. 40 Annie Bartoli (1997) a proposé une formulation actualisée de la définition de Fayol :

Conception traditionnelle (Fayol) Conception actuelle
Planifier (de façon rigide) Finaliser (définir des objectifs clairs et connus)
Organiser de façon parcellisée Organiser (coordonner/définir et répartir les missions/rôles individuels et travaux d’équipe)
Coordonner des activités cloisonnées Allouer les moyens cohérents en fonction des objectifs
Commander des directives descendantes Animer les hommes et les équipes avec participation
Contrôler a posteriori et/ou a priori avec sanction Piloter, suivre, apprécier, mesurer la performance

Par ailleurs, le management représenterait le remède à la carence gestionnaire. Pour autant, la gestion d’une administration ne peut être identique à la gestion d’une entreprise. La réforme administrative doit se fonder sur la sauvegarde de la spécificité de l’administration. C’est pour cette raison qu’une nouvelle branche du management est apparue, le management public.

La recherche d’un management adapté à l’administration en assimilant l’efficacité à la rentabilité et à la recherche de compétitivité, remet en cause les finalités et les fondements du service public 41 . C’est pourquoi le management public constitue une discipline qui a ses spécificités. « Le contexte, les objectifs, les attentes du management public et ceux du management privé ne sont pas comparables. Aussi, les approches et les méthodes ne peuvent pas l'être » 42 . Dès lors, il n’est guère cohérent de plaquer des méthodes élaborées dans un contexte économique marchand sur une réalité toute autre. Cependant, rien n’empêche les cadres de regarder ce qui a été fait ailleurs et de l’adapter en tenant compte des spécificités de l’organisation 43 .

Notes
40.

Fayol : « Prévoir, c’est scruter l’avenir et dresser un programme d’action ; organiser, c’est constituer le double organisme matériel et social de l’entreprise ; commander, c’est faire fonctionner le personnel ; coordonner, c’est relier, unir, harmoniser tous les actes et les efforts ; contrôler, c’est veiller à ce que tout se passe conformément aux règles établies et aux ordres donnés. » Cité par Caroline Vayrou, .- Le management public : discours et fonctions, 1995, p15

41.

Caroline Vayrou .- Le management public : discours et fonctions, 1995, opcit, p77

42.

Jean-François Auby.- Management public .- Paris : Dalloz, 1996, pviii

43.

Serge Alecian, Dominique Foucher.- Guide du management dans le service public .- Paris : éd. D'organisation, 1994, p50