La gestion de l’augmentation budgétaire est différente d’une bibliothèque à une autre car les besoins et les priorités sont eux aussi différents. C’est pourquoi, et afin de déterminer l’orientation prioritaire de nos bibliothèques, nous avons demandé à nous enquêtés de préciser la composante du budget de fonctionnement qui a bénéficié le plus des augmentations et de nous exprimer leur raisons.
D’après les explications apportées par la majorité des responsables des bibliothèques, le bénéfice des augmentations a été alloué de manière prédominante aux collections. Les raisons se résument par les points suivants :
Premièrement les collections, signalent nos enquêtés, constituent le fonds de commerce de toute bibliothèque. Un parallèle est établie entre les deux concepts bibliothèque et collections. C’est pourquoi, le développement et le maintien des fonds restent leur préoccupation première. Les acquisitions sont ainsi préservées dans le cas d’une diminution budgétaire et elles font l’objet d’un enrichissement dans le cas d’une augmentation.
Deuxièmement, l’objectif étant de pallier l’âge des collections et de remédier aux manques budgétaires des années précédentes, il est par conséquent une occasion de rattrapage des carences documentaires. Ils trouvent dans l’augmentation budgétaire une opportunité de renouvellement , de mise à jour et d’enrichissement des fonds existants. Leur niveau des acquisitions est jugé encore ‘faible’ par rapport aux recommandations de la DLL (20 documents pour 100 habitants). Au niveau national, seul, 19,9% des bibliothèques situées dans des communes moyennes ont un indice d’achat conforme ou supérieur à cette recommandation et ce chiffre ne dépasse pas 18,8% de l’ensemble des BM. Ceci peut, en effet expliquer l’investissement continuel pour les acquisitions.
Troisièmement, la multiplication des surfaces et la transformation des bibliothèques en médiathèques ont conduit les bibliothécaires à multiplier les achats et à renforcer le fonds multimédia.
D’une façon prépondérante, les acquisitions concernent les livres et les périodiques et en second lieu les documents multimédias. En revanche, à travers nos entretiens, une certaine obsession pour les documents multimédia et les nouvelles technologies se révèle explicite.
En outre, certaines bibliothèques se sont orientées vers la création de postes en poussant leur tutelle à déployer toute augmentation budgétaire pour le recrutement, afin de surmonter le manque existant et encore de permettre également de meilleures conditions de travail.
D'autres bibliothèques profitent de l’augmentation pour enrichir et de diversifier leurs programmes d’animation et ainsi, toucher un public différent. Par ailleurs, ce service étant auparavant jugé très réduit, les bibliothèques ont souhaité multiplier le nombre des animations effectuées au cours de l’année.
Dès lors, en se basant sur les différentes réponses fournies jusque là, nous concluons que les BM vivent certaines incomplétudes que les augmentations budgétaires contribuent à compenser. La progression des budgets des bibliothèques, comme l’a déjà constaté D. Arot (1997) ne semble pas se traduire dans la réalité par une amélioration flagrante du service rendu. Ainsi, les dépenses élevées ne sont pas nécessairement liées à une meilleure qualité des services offerts. L’accumulation des achats n’a pas été souvent suivie par une meilleure communication des documents. Le manque du personnel technique et l’augmentation des achats à conduit à une communication tardive des documents. Dès lors, « l’ampleur des dépenses affectées à une fonction municipale ne doit aucunement être interprétée comme un guide de la qualité des services offerts. » 81 Les BM sont loin de développer une stratégie de sur-qualité et de promouvoir des activités prestigieuses.
En revanche, la situation de certaines autres bibliothèques est différente. Les responsables se sont orientés vers une offre abondante. La stabilité de la situation des années précédentes les a amené à diversifier l’offre et à empiler les services. Le budget accordé doit être dépensé et ces dépenses doivent être justifiées. Ainsi ont été gérées les augmentations budgétaires attribuées. De nouvelles collections et de nouveaux services (accès à Internet, service de traitement de texte, prêt des périodiques, l’accès en ligne des catalogues et la possibilité de réservation) sont , dès lors, apparus. Les bibliothèques contestant le manque de personnel et cherchant à louer les augmentations accordées pour créer un service Internet qui nécessite la formation et l’encadrement des usagers représente un exemple paradoxal.
Cette orientation vers une offre plus large et plus diversifiée représente la tendance de 81.4% des bibliothèques auxquelles une augmentation a été accordée.
| Nb. cit. | Fréq. | |
| Non –réponse | 2 | 2,3% |
| Une offre plus large (offre documentaire, création des nouveaux services, etc.) | 70 | 81,4% |
| Une amélioration de la qualité de l'offre existante | 37 | 43,0% |
| Autres | 8 | 9,3% |
| TOTAL OBS. | 86 |
Elle permet certes un enrichissement de la bibliothèque dans l’ensemble mais ceci ne conduit pas à une amélioration de l’offre existante. Les acquisitions de nouvelles collections non existantes auparavant, permettent certainement, un enrichissement de fonds mais elles ne remplissent pas les trous des collections existantes.
Le manque d’une charte des acquisitions, d’une véritable politique d’animations, d’une politique documentaire claire conduisant les actions, constitue le cas de nombreuses bibliothèques. Ce qui explique parfois la nature des solutions prises.
En outre, un pourcentage assez important (43%) de nos enquêtés, a opté pour une offre qualitative. Cette population, qui privilégie l’amélioration de l’offre existante, pense prioritairement à présenter un fonds qualitatif avant de diversifier l'offre. C’est pourquoi, ils ont préféré :
Par ailleurs, nous rappelons à ce niveau l’importance accordée aux collections qui constituent encore la première composante d’une bibliothèque que les professionnels veuillent à la préserver ou la consolider. Dès lors, l’évaluation de tout choix managérial doit se poser principalement sur ses effets et son impact sur le maintien et l’enrichissement des fonds.
Diane Mittermeyer.- La bibliothèque publique et le milieu municipal .- In : Documentation et bibliothèques, n°Janvier-Mars, 1991, p11