4.2- La segmentation des services et des usagers 

Pour ne pas renoncer à l’application de la tarification et aussi pour ne pas dédaigner le caractère de service public d’une BM, la segmentation des services et des usagers a été la réponse apportée par de nombreux auteurs. Cette segmentation est apparue à travers la littérature comme la solution de conciliation entre la réalité des coûts et la demande des usagers. Cette méthode permet de satisfaire en même temps la contrainte de ressources et la mission culturelle auprès du public défavorisé.

Il s’agit de scinder les services en deux, l’un gratuit et l’autre payant. Cette division est basée sur le support de documents (documents imprimés, documents audiovisuels) et sur la nature des services (prêt, prêt inter bibliothèques, recherche bibliographique en ligne, etc).

Les lignes directrices d’une majorité d’auteurs sont :

  • le gouvernement assure gratuitement les services qui profitent à l’ensemble des citoyens et les services qui ne profitent qu’à des groupes de particuliers seront payés par ceux-ci.
  • les services doivent être gratuits si la bibliothèque est le seul lieu de proximité ou de premier recours offrant au citoyen l’information à laquelle il a droit dans tous les domaines.
  • les services personnalisés, qui fournissent à l’usager des documents dont il devient le propriétaire (reproduction des documents) ou ceux qui font appel à des services à distance (PEB) sont payants.

Pour Pierre Gaudette (1987), il faut tarifer prioritairement les services qui présentent simultanément les deux caractères suivants :

  • coût annuel relativement élevé,
  • coût annuel proportionnel au nombre d’opérations : les services dont le nombre d’opérations entraîne un accroissement proportionnel du coût annuel total du service en cause (photocopie, prêt inter bibliothèques, etc.)

En outre, une évaluation des services, afin de déterminer la valeur pour les usagers de tel ou tel service, apparaît indispensable afin de permettre à une bibliothèque de prédire les répercussions de la tarification.

Une fois définis les services offerts, la question se tourne vers la typologie des usagers (l’âge du lecteur, statut social, son lieu de résidence), et de savoir s’il faut appliquer un tarif unique ou tenir compte de la diversité des usagers afin de déterminer ceux qui bénéficieront d’un traitement spécial. « La tarification est la concrétisation d’un processus de discrimination en fonction du support ou du service et du statut du lecteur » 95 .

D’après Jacques Renard (1994) « la démocratisation de la culture sera certainement mieux assurée par l’existence d’une certaine diversité des tarifs que par le maintien des bas tarifs traditionnels. »

Notes
95.

Yves Alix .- Politiques tarifaire des bibliothèques : journée d’étude du 22 janvier 1993.- In : ACB-info, 1993, p 5