6.3- Les services tarifés

La tarification touche toutes les activités et tous les services offerts. Son apparition a coïncidé avec l’insertion des documents multimédia dans les bibliothèques. La figure suivante, élaborée à partir des données de la DLL, illustre en effet que le nombre des BMVM ayant des supports multimédia est en progression continue.

Figure n°15 Évolution de la Tarification dans les BM en France selon les supports
Figure n°15 Évolution de la Tarification dans les BM en France selon les supports

D’ailleurs, c’est ainsi que certains ont pu justifier la tarification et y voient encore le support de sa légitimation. La fragilité et le coût des supports multimédia représentent le fondement de leur réflexion. C’est pourquoi, si l’emprunt de livres est gratuit ou s'il fait l’objet d’un abonnement annuel modique, l’emprunt des documents audiovisuels fait souvent l’objet d’un abonnement dont la somme est importante. Il peut atteindre 90€ pour un abonnement tout document’ concernant un usager résidant hors de la commune. Dans toutes les réponses de nos enquêtes, le service multimédia fait l’objet d’une tarification. Quelques bibliothèques (A92, R42, V59) maintiennent encore un accès gratuit à Internet ou à un ensemble de sites présélectionnés, ou encore prévoient sa gratuité. Ce dernier commence à connaître son intégration dans l’offre documentaire. La nature du support documentaire intervient ainsi dans la détermination des tarifs. Dès lors, les bibliothèques proposent deux types d’abonnement : un abonnement livre et un abonnement multimédia.

‘« Les tarifs sont différents entre les supports parce qu’au départ, le disque était plus cher qu’un livre et il était fragile (on ne peut pas le faire relier, il s’abîme plus vite, c’était aussi un service de luxe. » A61 ’

Un principe récurrent de la tarification postule que toute offre consultable en dehors de la bibliothèque doit être payante. De ce fait, l’inscription permettant le prêt à domicile est tarifée dans la totalité des bibliothèques questionnées. Mais, en général cela ne s’applique pas aux enfants et aux adolescents. En accord avec les revendications des bibliothécaires, le prix diffère selon l’âge, le lieu de résidence et la situation socio-économique des inscrits. Pour certaines bibliothèques, la tarification commence après 14 ans ou 18 ans et pour d’autres après 25 ans. Souvent, les bénéficiaires du RMI et les chômeurs et parfois tous les habitants de la commune ont droit à une inscription gratuite.

Nous citerons encore le cas intéressant d’une bibliothèque enquêtée [R42] qui tarifie encore à l’acte de prêt, spécifiquement sur des documents audiovisuels.

En outre, les animations sont des services inéluctablement tarifés (droit d'entrée aux expositions par exemple). De même, les photocopies et les impressions, les livres perdus ou abîmés et quelques fois le service de réservation et le renouvellement de la carte dans le cas de perte sont payants. Les arguments avancés sont : minimiser les pertes, limiter les impressions qui ont un coût, éviter la photocopie d’un livre entier et récompenser l’effort et le temps des bibliothécaires qui ont en charge d’effectuer eux-mêmes la photocopie, tâche nécessaire à la protection des livres. La tarification de ces services s’explique ainsi par le souci de maîtriser les coûts en limitant les coûts variables, d’éviter le gaspillage.

‘« Je pense que la tarification nous permet de contrôler l’usage par exemple pour la photocopie ou les impressions ; c’est une manière de régler certains débits. » A92’

Ajoutons aussi les produits dérivés, liés à des expositions ou à des évènements culturels tels que les cartes et les catalogues élaborés et vendus par les bibliothèques.

La consultation sur place et la navigation dans les catalogues des bibliothèques, dont certains responsables locaux ont prévu leurs tarifications, restent indubitablement gratuites.

‘« Au départ c’était tout, il y avait même un tarif qui était prévu pour l’accès aux services sur place. On ne pouvait pas le faire, le personnel n’était pas prêt, 15 jours après l’ouverture on n’en parlait même plus. » R42’

Certaines bibliothèques pratiquent une tarification quasi complète, où seule la consultation sur place n’est pas soumise à un droit d’accès. D’autres, sont partiellement gratuites en tarifiant uniquement le prêt des documents multimédias.