6.4- La fixation des prix

Les tarifs, jugés honnêtes par la majorité des enquêtés, varient entre 50 centimes et 1 franc la page.

Par ailleurs, pour la fixation des tarifs, maints critères ont été pris en considération. Les différents interlocuteurs mettent en avant les objectifs assignés et visés par leurs établissements. Si l’orientation est vers une politique culturelle ouverte au plus grand nombre, les équipements doivent être, dès lors, accessibles et, par conséquent, les tarifs non dissuasifs.

‘« Si on a un objectif social à atteindre à travers la bibliothèque, la tarification est un mauvais choix. » P95’

En effet, à titre d’exemple, l’accentuation de la politique de la Ville pour une accessibilité très large des services Internet, afin qu’il puisse pénétrer le plus rapidement possible dans la société française a entraîné le foisonnement de points de diffusion gratuits, aussi bien au sein de la bibliothèque que dans les autres services communaux. Aussi, attirer les jeunes vers la lecture ne peut être assuré qu’à travers une politique tarifaire cohérente telle que l’extension de la gratuité ou le maintien de tarifs bas pour les usagers ne dépassant pas un certain âge. De plus, pour ne pas supporter les charges d’une ville centre et pour réduire le nombre d’usagers extérieurs à la ville, la résidence constitue un des critères de la détermination des tarifs. L’inscription d’un usager extérieur est payante et souvent plus chère. L’intercommunalité ou les conventions avec les villes voisines peuvent amener à une modification et à la révision des tarifs proposés aux usagers extérieurs.

De plus, d’autres éléments sont pris en considération dans la définition des tarifs des services et des produits offerts. Il s’agit :

‘« Pour établir ces tarifs, je me suis renseignée auprès des bibliothèques environnantes et d’ailleurs je me suis alignée sur ce qui se pratique chez elles… Déjà on offre les mêmes services…en plus, nos usagers peuvent aller s’inscrire ailleurs, vue la proximité de ces bibliothèques. » V94’ ‘« Les tarifs reflètent la qualité de ce qu’on offre et de ce qu’on est en mesure de proposer… On essaye de trouver le juste milieu au niveau des tarifs, entre la qualité de ce que l’on offre et les tarifs qu’on demande, tout en prenant en compte la capacité de paiement des usagers car l’objectif de la bibliothèque est d’amener les gens à la lecture... » P95’ ‘« Les tarifs sont fixés en fonction du prix moyen d’un document ou d’un disque par an. A l’époque, c’était 60 francs, équivalent au prix d’un livre et 120 francs équivalent au prix d’un disque, soit 180 francs et, maintenant, c’est passé à 200 francs avec des réductions pour certaines personnes. » P95’ ‘« Pour la modification des tarifs, on me demande une simulation pour voir les recettes. » M95 R42’

Le passage à l’euro a amené à une révision des tarifs soit pour avoir des chiffres arrondis, soit pour une éventuelle augmentation.

Par ailleurs, malgré l’importance du coût de revient comme déterminant des tarifs, ce dernier n’a pas servi de repère pour les bibliothécaires dans la décision tarifaire. L’existence d’une solution tarifaire fondée sur les coûts réels est ainsi inconcevable au sein des bibliothèques. La base première reste ainsi l’estimation des tarifs acceptables par les usagers et permettant de satisfaire aux objectifs et aux missions de la bibliothèque.

‘« S’il faut fixer les tarifs en fonction des services rendus (donc on prend en compte ce que coûtent les équipements par rapport aux services) si vous faites ça, vous allez obtenir des coûts faramineux et si vous appliquez vos coûts pour que ça soit rentable, il n’y aura plus personne qui pourra s’inscrire à la bibliothèque. » V59 ’

La détermination des tarifs est alors conduite par des logiques multiples révélant des objectifs et des contraintes des différents acteurs impliqués directement dans la décision tarifaire à savoir principalement la capacité pécuniaire des usagers afin de préserver la fréquentation, les objectifs de la tutelle et les concurrents existants sur le marché local.