Au-delà du soutien traditionnel aux acteurs du livre (éditeurs et auteurs en difficulté), les compétences du CNL se sont étendues par décrets, en 1976, au soutien des acquisitions par les bibliothèques, aux actions de promotion de la lecture et à la traduction. Les crédits dont dispose le CNL en faveur des bibliothèques sont destinés à l’acquisition de livres et de revues, présentant des ouvrages de vente lente, publiés en français. L’achat de supports numériques ne peut être pris en compte que dans le cadre d’un ensemble thématique, complémentaire à l’achat de livres et dans une proportion limitée. Aussi, des crédits sont attribués pour certains projets d’animation étudiés par le Bureau de la Vie Littéraire au sein du CNL. La participation du CNL peut atteindre 50 % des crédits nécessaires à l’opération. En revanche, pour bénéficier de l’aide au développement de fonds thématiques, les demandes doivent correspondre aux priorités du CNL et la bibliothèque doit atteindre des seuils portant sur le personnel, le budget annuel d’achat de livres et de périodiques, les heures d’ouverture. Le projet présenté doit atteindre au minimum 1525€. 104
Dès lors, l’Etat garde un rôle de soutien pour le développement de la lecture et de la culture. Il reste le garant de la démocratie et le créateur d’un paysage culturel national équilibré. C’est pourquoi « la perte du contrôle de l’Etat est souvent perçue comme le ferment nocif d’une rupture de la cohésion sociale et la fuite vers un relativisme culturel dangereux. » 105 En revanche, quels que soient les mérites des arguments utilisés en faveur d'un soutien public, la question n'est pas de savoir si les pouvoirs publics doivent ou ne doivent pas intervenir pour aider la culture. Cette intervention est un fait et il est intéressant d'en évaluer ses effets sur les bibliothèques. Il est fondamental de déterminer les inconvénients et les atouts de l’intervention de l’Etat. Représente-t-elle une charge de travail supplémentaire ? Ne réduit-elle pas la marge de manœuvre des bibliothécaires et de leurs tutelles? Permet-t-elle d’atteindre ses objectifs ? Un ensemble des questions auxquelles nous cherchons des éléments de réponses à partir de notre terrain d’enquête.
Guy Saez .– Vers la fin de l’Etat culturel ? .- In : Revue française d’administration publique, n°65, 1993, p69