2.1.3- Les mécénats d’entreprises

Le mécénat d’entreprise est né à la fin des années 70 dans un contexte marqué par l’indifférence des milieux patronaux, l’hostilité des milieux culturels et la méfiance des pouvoirs publics. Il a été considéré comme un prétexte au désengagement de l’Etat qui veut se décharger sur les entreprises d’une mission qu’il a été incapable de mener à bien. De nos jours, certaines opinions ont changé. Les entreprises privées ont découvert que la culture pouvait constituer un excellent investissement. Dès lors, le mécénat s'est développé dans divers secteurs et fait ainsi partie du paysage culturel français. Dans le domaine de la culture, il y a ainsi 1200 entreprises actives en 2000 contre 1000 en 1996, 2800 actions contre 2650 en 1996 pour un budget global de 198 millions d’euros 107 . Le mécénat d’entreprise constitue, ainsi, une source de financement et de soutien aux institutions culturelles nationales. Certes il ne pourra être mis en parallèle ni avec les flux commerciaux, ni avec l’effort public qui en matière de patrimoine, de formation et de la culture correspond à la fois à une tradition séculaire et à une mission de service public. Cependant, il garde un rôle décisif de déclenchement ou de complément 108 . Aussi, il peut être un facteur de diversification des financements, donc d’indépendance, de pluralisme et de dynamisme.

Par ailleurs, en faveur de la lecture, les mécénats des entreprises restent très rares, encore plus envers les bibliothèques et, en particulier, les bibliothèques municipales. La concentration des mécènes (entreprises) dans le milieu culturel s’implante dans d’autres champs tels que la musique, la danse, le théâtre, les musées, etc. Nous essayerons, à travers l’analyse de nos entretiens, d’identifier les raisons. Nous pouvons déjà avancer que le mécénat des entreprises envers les bibliothèques n’existe pas, sauf si certaines entreprises le font sans le déclarer. En effet, suite à un entretien téléphonique avec la responsable culturel d’ADMICAL, les bibliothèques ne représentent pas un champ parmi leur champ d’intervention.

Les rares exemples en France en faveur de la lecture et des bibliothèques concernent les fondations des entreprises. Il s’agit d’abord, de la fondation Banques CIC pour le livre qui, depuis six ans, a engagé un partenariat avec les BU, qui s’est concrétisé par de nombreuses opérations : achat de livres, d’ordinateurs, etc., pour une contribution de 6 millions de francs. En 1995, elle avait publié une collection de six volumes ‘Patrimoine des bibliothèques de France’ qui dévoilait le patrimoine de 380 bibliothèques. Dans ce même esprit, elle accompagne la DLL dans un projet de numérisation d’un fonds d’enluminures du Moyen Age datant du 6ème au 15ème siècle, issu des bibliothèques de France [La fondation Banques CIC, 2002]. Ensuite, la fondation du Crédit Mutuel pour la lecture soutient et initie des actions nationales ou régionales incitant tous les publics à la lecture tel que son programme pédagogique « Lire la ville » qui s’adresse chaque année à plus de 200000 élèves, de la maternelle au lycée. Et enfin, la fondation Hachette qui consacre plus de neuf millions de francs en faveur du rayonnement de la culture française dans le monde.

Notes
108.

Rigaud Jacques.- Le mécénat ou comment désadministrer la culture . – In : revue française d’administration publique, n° 65, 1993, p112