3.3- Les aides extérieures : opportunité ou contrainte

3.3.1- Opportunité

Les aides extérieures et, en particulier, les aides de l’Etat et des collectivités territoriales sont pour beaucoup d’une importance cruciale. De nombreux projets ne peuvent être réalisés sans l’obtention de ces aides. « Quand il y a arrêt des subventions il y a arrêt des achats. » En effet, elles permettent de prévoir et de réaliser des projets de plus grande envergure, tels que les projets de ré-informatisation, les projets de restauration et de numérisation des fonds patrimoniaux qui sont restés, pour plusieurs bibliothèques, en attente et ont été soumis à l’espoir des subventions. Certaines bibliothèques ont pu obtenir jusqu’à 50% de la dépense.[B18]

‘« Certaines demandes ont été refusées faute de moyens de la mairie et l’incertitude d’avoir des subventions…Pour des fonds patrimoniaux importants, pour lesquels on voulait commencer la numérisation, le secrétaire général a dit que ça coûtait trop cher et au niveau des subventions, on ne savait pas si on pouvait avoir des aides de la DRAC ou pas. Donc le projet a été retardé. » R42’

De même, elles soutiennent les projets d’amélioration à la construction et à l’équipement des bâtiments existants (augmentation de la superficie, du nombre de postes informatiques). Elles contribuent à l’enrichissement des collections et au renforcement des fonds thématiques (création d'un fonds spécifique, livres en gros caractères, etc.) Également, elles réconfortent certaines actions telles que la réalisation de certaines manifestations culturelles, le lancement d’activités nouvelles et l’étendue de l’offre en dehors de la bibliothèque (auprès des personnes âgées, des hôpitaux, des crèches, etc.).

‘« Il y a 3 ou 4 ans, on a eu des subventions du CNL pour la petite enfance, de l’ordre de 35 milles francs ; donc on a dépensé 70 000 francs en livres pour les petits. Ça nous a permis de développer le dépôt de livres dans les crèches, les garderies, etc. » V59’

Dès lors, il est vrai que les aides extérieures sont loin de remplacer les moyens accordés par les tutelles. Mais, elles représentent, d’une part, une source importante d’aide à la création, au développement et à la survie. Il est, ainsi, assez important de réussir la course aux subventions et aux aides.

‘« C’est compliqué mais ça a le mérite d’exister...elles conditionnent le niveau d’activités. » V 78’

D’autres part, elles constituent une source des recettes aidant les bibliothèques à dépasser les limites budgétaires de leurs tutelles.

‘« Elles nous ont permis d’acquérir des documents anciens, de réaliser un certain nombre de services. Je trouve qu’elles nous permettent des choses qu’on n’aurait pas pu se permettre autrement. C’est de l’argent qui rentre. Le petit risque c’est qu’on définisse la politique de la bibliothèque en fonction des subventions qui vont être reçues. » T10’ ‘« Dans notre cas, on compte beaucoup sur les actes solidaires, de l’Etat, de la région, vu les moyens dont dispose la Ville. » V69’

Toutefois, le recours aux subventions pour certaines bibliothèques n’a pas eu pour objectif de combler des lacunes budgétaires mais plutôt de permettre la création et le soutien de nouveaux services et l’élaboration de nouveaux projets.

‘« Je fais la demande pour appuyer un projet qui a été décidé par l’équipe de la bibliothèque pour une raison de bon fonctionnement et d’amélioration de service public. » [V59, V69]’

Dès lors, la nature de l’offre et la qualité des services se retrouvent ainsi améliorés. L’obtention des aides ont permis un enrichissement des fonds, une diversité thématique, une consultation des catalogues et des documents à distance vu le soutien apporté aux différents projets d’informatisation, de numérisation, et autres et, par conséquent, une meilleure satisfactions des usagers.

En outre, elles représentent, pour les bibliothécaires, d’une part, un moment d’évaluation. Les périodes de préparation des dossiers, pour toute éventuelle demande d’aide, offrent l’opportunité de mieux connaître son fonds et de se rendre compte de ses lacunes.

‘« C’est un travail colossal mais rien que remplir les dossiers nous permet d’éclaircir les idées. Ça nous oblige à dire : On va faire ça avec qui, etc. Ceci peut se faire indépendamment mais il ne faut pas tout à fait nier que c’est un boulot considérable et on n’a pas trop le temps. » V69’

D’autre part, ces aides offrent l’occasion de découvrir d’autres partenaires «subventionneurs». Dès lors, elles permettent implicitement un enrichissement professionnel et relationnel et une meilleure connaissance de l’environnement de la bibliothèque.

De plus, elles constituent un outil de négociation au moment de l’élaboration du budget. Les aides extérieures représentent des prévisions de recettes, incitant les décideurs politiques à continuer leur engagement envers la lecture publique. Il est politiquement important, comme l’indiquent les responsables des bibliothèques, de savoir que leurs établissements ne sont pas uniquement un centre de coût mais aussi un centre de profit.

‘« Pour le maire, afin de continuer à développer les services et la lecture publique il faut vraiment trouver des partenariats financiers, Etat, etc. Donc on est réellement à la recherche de ces subventions à chaque fois qu’on entend parler d’un nouveau dispositif, on commence à préparer des projets qui correspondent à ces dispositifs. On me propose quelque chose, je dis oui. » T10’

Par ailleurs, l’acceptation de toute intervention extérieure ne peut être conditionnée que par son opportunité à faire avancer les choses. Elle doit permettre de travailler dans de bonnes conditions et de ne pas limiter la liberté de choix et de fonctionnement du personnel.

‘« Toute intervention extérieure, soit-elle privée ou publique, est bien, dans la mesure où elle n’influe pas sur mes choix et mes décisions, dans ma stratégie et mes orientations. » A92’

Les résultats de notre questionnaire, nous a permis de constater que, pour 59,1% des bibliothèques, les subventions n’ont pas eu d’influence dans la prise de décision.

Tableau n°26 : L’influence des subventions sur la prise de décision, au sein des bibliothèques bénéficiaires.
  Nb. cit. Fréq.
Non 81 59,1%
Oui 43 31,4%
Non-réponse 13 9,5%
TOTAL OBS. 137 100%