« Un travail collectif désigne en général un ensemble d'activités indépendantes fortement coordonnées en vue d'un but commun, supposant la définition et l'acceptation de règles de comportement et composant une réalité biface complexe où se conjuguent des schémas de division de travail et des schémas de coopération. » 111 Dès lors, la coopération est, d’un côté, l’action de participer à une œuvre commune, l’action collective par laquelle les différents partenaires contribuent au même résultat. D’un autre côté, la coopération est une négociation entre les différents partis qui les conduits à trouver des compromis, à établir des règles mutuellement admises. Il s’agit d’un contrat dans lequel chacune des parties se reconnaît et qu’elle s’engage à respecter. Elle représente ainsi une politique d’entente et de partage. Dès lors, par coopération, il faut entendre des confrontations vu la pluralité des partenaires et donc des points de vue afin d’assurer une cohérence d’action. Mais aussi, la coopération est un ensemble d’actions d’échange, un système d’entraide et une compensation des limites de chacun, ce qui a le grand avantage d’être à la fois un évocateur de gestion rationnelle, d’efficacité et d’optimisation des ressources. D’ailleurs c’est dans cette optique que le travail coopératif est considéré comme une solution à adopter pour dépasser ses propres limites aussi bien financières que techniques, etc. Comment est-elle appliquée au sein des bibliothèques ? Quelle forme a-t-elle prise ? Quel est l’apport réel pour la bibliothèque ? Nous cherchons à travers ce chapitre à apporter des éléments de réponse à l’ensemble de ces questions afin d’identifier les objectifs, les raisons aussi bien que les effets d’un tel recours sur le fonctionnement et sur l’offre d’une bibliothèque, ce qui nous permettra de recenser les différents éléments à considérer pour une décision de partenariat.
Dès lors, nous débuterons ce chapitre par l’intégration de la coopération au sein des bibliothèques, afin de repérer les raisons et les formes d’un tel mode de fonctionnement. Avec l’évolution de la technologie de l’information, les réseaux informatiques inter-bibliothèques ont émergé comme la forme de coopération la plus sollicitée. Ceci constitue le deuxième point sur lequel nous nous arrêterons. Par la suite, nous essayerons à travers l’analyse de la littérature, de repérer les effets et les apports de la coopération. Et pour finir, nous chercherons, à travers notre terrain, les formes de coopération les plus adoptées, les raisons amenant à un tel choix, les objectifs visés aussi bien que les effets subis ou les résultats obtenus. L’ensemble de ces éléments révèle des aspects à considérer et des critères d’évaluation amenant à la viabilité et à l’efficacité d’un mode de fonctionnement.
P. Veltz et P. Zarifian.- Travail collectif et modèles d'organisation de la production .- In : Le travail humain tome 57, n° 3, 1994, pp239 - 249.