2- Les réseaux inter-bibliothèques

2.1- Les réseaux : élement de definition

La notion de réseau est une notion très large ayant de multiple de sens. Une définition transversale se révèle difficile à établir. Charles Goldfinger 112  propose trois perspectives différentes pour aborder le mot réseau :

  • une perspective technologique, soit « un ensemble d’infrastructures assurant la communication et la distribution des flux » ;
  • une perspective sociale, soit « un système relationnel entre les individus liés par les mêmes origines ou les mêmes intérêts » ;
  • une perspective économique, soit « un modèle de partage des coûts entre plusieurs utilisateurs ».

Cependant, les auteurs s’accordent autour de la notion de liaison, de transmission, etc. Ceci nous renvoie aux origines du terme de réseau qui a beaucoup été développé à travers le temps, en gardant sa signification de départ. Le réseau est un terme d'origine latine : Retis qui signifie le filet. Ce dernier correspond à un ensemble de nœuds reliés entre eux. Il s’agit d’une liaison pour la capture (la chasse).

Dans notre domaine, on parlera d’un ensemble de nœuds interconnectés par des canaux de transmission pour la chasse et la capture de l'information, des nœuds de communication selon l’expression de Robert Reix (1995). Ainsi, le réseau est un moyen de transport et de circulation de l'information transformant le récepteur en émetteur et réciproquement et facilitant l’accessibilité et l’échange entre les uns et les autres. C’est ainsi que la notion de partage vient s’ajouter à celle de la mise en relation. « Les réseaux sont bel et bien des machines relationnelles qui offrent à leurs membres un cadre pour leur relations et invitent à l’élaboration de projets communs. » 113

Par ailleurs, pour établir une relation organisée, les barrières à franchir sont à la fois d’ordre physique, juridique et culturel :

  • Pour la barrière physique, il faut établir un contact, assuré par l’infrastructure qui se matérialise par le hard et le soft. Il est à noter que cette infrastructure peut réagir sur la structure du réseau et de ses modes de communication.
  • Pour la barrière organisationnelle ou juridique, il faut se mettre d’accord et donc passer un contrat qui permet de codifier le partage, la mise en place, puis le bon fonctionnement de la relation ; il s’appuie sur un ensemble de règles, de normes, baptisées les infostructures ainsi qu’une charte expliquant les droits et les devoirs de chacun.
  • Pour la barrière culturelle, au-delà du contact et du contrat, il faut pouvoir deviner les attentes de chacun. « Les ingénieurs nous donnent le contact, les juristes établissent les contrats mais tout cela ne mène à rien sans une certaine capacité à s’entendre autour d’un projet commun, sans une connivence. » 114 Le type de connivence au sein d’un réseau dépend de cet ensemble, non écrit, d’attentes mutuelles et d’habitudes qu’Albert Bressand et Catherine Distler (1995) appellent infoculture. Dès lors, « un réseau est unensemble de moyens (infrastructures) et de règles (infostructures) permettant aux acteurs qui y ont accès, d’entreprendre et de mener à bien des projets communs du moment que ceux-ci sont conformes aux attentes et usages communs (infoculture) du réseau. »

De ce fait, l’adhésion d’une bibliothèque à un réseau nécessitera certes une adaptation à ces différentes composantes, qui représentent un réseau, aussi bien au niveau des moyens, des règles de fonctionnement que de la culture et des valeurs existantes.

En outre, les notions de partage, d’échange, de communication, de proximité, de connexion, de circulation etc, se sont retrouvées intimement liées au concept de réseau. Il est, toutefois, illusoire de penser que les réseaux ne sont qu’un ensemble d’avantages. Ces derniers sont conditionnés par un certain nombre de contraintes et d’exigences.

Notes
112.

Cité par Albert Bressand et Catherine Distler.- La planète relationnelle .- Paris, Flammarion 1995, p184

113.

Idem, p184

114.

Idem, p188