3.3- Aspects relationnels et humains

La coopération dépasse largement son cadre formel concrétisé par une convention et par l’allocation des moyens infrastructurels. Elle constitue un processus complexe de relations interindividuelles, tissées entre l’ensemble des partenaires. Ces relations conditionnent considérablement la performance et la rentabilité de la coopération. Elles constituent par conséquent un facteur de succès ou d’échec. C’est pourquoi, il est fondamental que le processus de coopération soit conçu et voulu collectivement. L’ensemble des partenaires devraient accepter et avoir envie de travailler ensemble. C’est ainsi que les échanges, les transferts de connaissances, voire les transferts de compétences seront garantis.

La coopération doit être spontanée et le partage des ressources doit se baser sur la confiance établie entre les différents partenaires et sur l’esprit de groupe, loin du dirigisme, de l’autorité de tutelle. Dès lors, un réseau est ruiné d’avance si la confiance est absente et s’il n’est pas exempt de toute arrière pensée hégémonique 119 .

Cependant, malgré l’importance de la coopération, l’observation montre que le maintien de comportements coopératifs reste un problème récurrent et un objectif toujours menacé. D’une part, parce que la coopération traduit nécessairement une mise en jeu des valeurs, des habitudes de fonctionnements, des identités professionnelles ; le réseau a ainsi ses effets sur la politique générale aussi bien que sur les objectifs de chacun. D’autre part, elle masque des rapports de forces et de domination et fait parfois écran à l’observation de dysfonctionnements graves 120 . Ainsi, des protocoles d’entente comme le préconise Richard Greene (1995), ou plutôt un système d’obligations déterminant les droits et les devoirs de chaque partenaire, doivent exister entre les responsables des bibliothèques. Des lors, la coopération organise les relations de pouvoir et transforme les normes du groupe. Par conséquent, elle contraint les hommes à modifier leur comportement. L'acteur adapte et reconstruit son système de références recherchant une nouvelle reconnaissance dans le groupe.

Notes
119.

RESER.- Réseaux et sociétés de conseils en Europe .- Aix en Provence : Serdeco, 1995, p74

120.

Jean Michel Salaün .- Marketing des bibliothèques et des centres de documentation, 1992, opcit, p102