Chapitre 6 : La sous-traitance

Introduction

Externalisation, sous-traitance, infogérance, impartition, co-traitance, concession, les concepts sont multiples et sont utilisés dans de nombreux domaines afin de refléter une tendance, nouvelle, dans la gestion des entreprises et des organisations, une tendance à renoncer à tout réaliser en interne. Ces nombreux termes aux consonances francophones ne sont qu’une traduction de concepts tels que outsourcing, contracting out, termes d’origine anglophone figurant encore dans la littérature francophone.

De manière plus précise, la sous-traitance peut se définir comme toute opération par laquelle une entreprise ou une organisation, au lieu de réaliser elles-mêmes les opérations du cycle productif, confient, selon un cahier des charges préétabli, la totalité ou une partie des tâches ou des fonctions à l’extérieur. Elle aboutie dès lors au désengagement partiel ou total et à la délocalisation des tâches ou des activités. Cependant, lors d'un contrat de sous-traitance, l'entreprise délègue la maîtrise d’œuvre mais conserve la maîtrise d'ouvrage. Elle conserve la responsabilité finale quant au produit finit.

La sous-traitance est donc une forme de collaboration particulière. Elle représente un moyen mis à la disposition des entreprises et des organisations afin d’évoluer vers un modèle plus en réseau, qui ne vise plus à intégrer tous les services et toutes les compétences dans une entreprise unique, mais au contraire agit sur une base de compétences plus large et spécialisée par des relations privilégiées avec des partenaires. Les partenaires sont liés comme suit : le sous-traitant a une garantie de débouchés, la nature et les caractéristiques de la production du sous-traitant sont déterminées par le donneur d’ordre qui précise les spécificités du produit et les normes à respecter.

La sous-traitance intervient comme une solution située à mi-chemin entre le faire et le laisser-faire. Progressivement, elle est devenue une pratique managériale courante, autant dans le secteur privé que public, qu'il s'agisse du secteur des produits ou du secteur des services. Cependant, il s’est avéré que certains secteurs se prêtent mieux à la sous-traitance que d'autres. La bibliothèque constitue-t-elle un des secteurs favorables à la sous-traitance ? Quand et comment cette dernière a-t-elle connu son intégration dans le domaine des bibliothèques ? Quels sont les services qu’une bibliothèque puisse sous-traiter ? Quelles sont les effets d’un tel choix managérial ? De nombreuses questions s’opposent afin de juger de l’opportunité de sous-traiter au sein d’une bibliothèque. La littérature anglophone est notre source d’information principale. L’ensemble des données résulte des expériences des bibliothèques américaines ou canadiennes. Par ailleurs, nous avons essayé de découvrir la réalité française à partir de notre terrain d’enquête. Dès lors, nous cherchons d’abord, au cours de ce chapitre, d’une part à comprendre comment la sous-traitance, issue du secteur privé, a connu son intégration au sein des bibliothèques et, d’autre part, à en identifier les raisons. En outre, une polémique développée autour de ce choix managérial au sein des bibliothèques publiques, nous a amené à recenser ses atouts et ses contraintes. Nous précisons par la suite et à travers les expériences des bibliothèques anglophones, les services touchés par la sous-traitance et les avantages et les inconvénients évoqués. Par la suite, la détermination de la procédure décisionnelle permettant la réussite ou du moins la minimisation du risque d’échec encouru lors d’un acte de sous-traitance nous est apparu importante à traiter, avant de clôturer ce chapitre, par la réalité de l’application d’un tel choix managérial au sein des bibliothèques municipales françaises.