3.1- la pratique

La sous-traitance est devenue une pratique managériale courante au sein des bibliothèques. Les expériences des bibliothèques anglophones l’ont déjà confirmé. ¹⁷⁴ Toutefois, elle reste méconnue ou rejetée en France. Elle n’est appliquée que dans 37,9% des bibliothèques enquêtées par questionnaire.

Cependant, au moment de l’entretien, certains interlocuteurs responsables de bibliothèques, qui auparavant, nous avaient signalé qu’ils ne pratiquaient pas la sous-traitance, nous ont cependant informés qu’ils déléguaient à des prestataires extérieurs certaines tâches bibliothéconomiques et en particulier la récupération des notices bibliographiques pour les acquisitions courantes, mais que de leur point de vue, cette opération ne pouvait être assimilée à de la sous-traitance. De là , il nous est permis de penser que ce pourcentage de 37,9% est une sous-estimation. Tous les maillons de la chaîne documentaire, excepté la constitution des fonds, ont fait pour l’ensemble des bibliothèques enquêtées, à un moment donné, l’objet d’une sous-traitance. Pour la totalité des responsables des bibliothèques enquêtées, il demeure inconcevable de sous traiter le choix des livres ou des titres des périodiques à acquérir. Cependant, ceci apparaît parmi les tâches pour lesquelles un de nos interlocuteurs [R42] a fait appel à l’extérieur. Dans le cadre de l’ouverture de la médiathèque et pour faire face au refus de recrutement et au manque de temps, le responsable de la bibliothèque s’est adressé à un discothécaire pour la constitution d’un fonds audiovisuel. L’opération fut une réussite. Nous ne pouvons affirmer si elle a été reproduite ailleurs.

En outre, les tâches documentaires fortement concernées par la sous-traitance dans les bibliothèques enquêtées consistent :

• aux acquisitions : il s’agit de la gestion des abonnements. Cette pratique est ancienne et bien implantée.
• au traitement physique des documents : presque la majorité des enquêtés sous-traite la reliure et la restauration des documents anciens, pour lesquels ils s’adressent à des ateliers spécialisés. Les bibliothèques possédant actuellement un atelier de reliure en interne nous ont signalé que cette tâche a été sous-traitée auparavant. Ajoutons, la numérisation des documents de patrimoine dans les bibliothèques enquêtées qui prévoient un accès en ligne pour leurs fonds.
• au traitement intellectuel des documents : dans le cadre de la ré-informatisation de la bibliothèque, la rétroconversion des collections représente la tâche, que la majorité des responsables sous-traitent souvent de manière à en assurer le fonctionnement quotidien. Les bibliothèques déjà informatisées envisagent une telle solution pour la rétroconversion des fonds anciens. De même, la récupération des notices pour les acquisitions courantes, que beaucoup de nos interlocuteurs ne considèrent pas comme étant de la sous-traitance, est effectuée dans de nombreuses bibliothèques et envisagée dans certaines autres.

‘« On a uniquement l’expérience de récupération dans le cadre d’une grosse saisie pour informatiser mais autrement non. On n’a pas une sous-traitance pour une saisie courante mais ça sera sûrement envisageable, une fois qu’on aura terminé la ré-informatisation. » ’

Certaines bibliothèques récupèrent plus de 80% des notices de documents acquis comme dans le ces de la bibliothèque [P86]. La BNF et ELECTRE représentent les deux grands réservoirs bibliographiques de nos enquêtées. De plus, certaines bibliothèques sous-traitent la gestion des abonnements et le dépouillement des périodiques.

Les animations (expositions, heure de contes), l’élaboration des catalogues d’expositions organisées par les bibliothèques ou encore les affiches de publicité pour des activités internes font aussi souvent l’objet d’une sous-traitance.