4.2.1- Les atouts

Les atouts recensés de la sous-traitance concernent particulièrement l’environnement interne de la bibliothèque, soit l’infrastructure. Le manque de matériel ou son inexistence au sein de la bibliothèque ne constitue plus un barrage à l’évolution. La numérisation des fonds patrimoniaux est sous-traitée, la désinfection des documents qui nécessite un matériel excessivement cher, l’est aussi. Le problème du nombre réduit du personnel qualifié est surmonté par le recours à des experts et des professionnels extérieurs ayant des connaissances en bibliothéconomie. Aussi, des espaces ont pu être libérés et le manque existant a pu être surpassé. Le personnel travaille dans de meilleures conditions. Ils ne sont pas « entassés les uns sur les autres ». De ce fait, la sous-traitance a donné la possibilité aux bibliothèques d’aller au-delà de leurs limites. Maintes tâches et services ont été réalisés malgré le manque existant.

‘« L’informatisation d’une partie des fichiers manuels de la bibliothèque patrimoniale sera effectuée par une société. Autrement j’aurai 100 ans et le travail ne sera toujours pas fait ! Nos propres forces ne suffiront jamais. Surtout qu’il y a un autre travail à faire derrière et qu’il faut trouver le temps. » B18’

En outre, elle a permis une maîtrise des coûts de fonctionnement et tout en stabilisant les dépenses, une productivité meilleure. Des gains de temps et d’argent sont ainsi réalisés. Un des enquêtés dit qu’il devait, à la sous-traitance, 20% des économies réalisées sur le budget de fonctionnement. Un autre mentionne que pour la gestion des abonnements lui coûte l’équivalent d’un mi-temps de catégorie B et que s’il avait eu une personne de cette catégorie, chargée de ce travail, elle ne ferait certainement pas l’équivalent. D’autres précisent, que la fourniture de notices, revient toujours moins cher que leur rédaction par eux-mêmes, aussi bien que l’équipement des documents.

‘« L’achat des notices coûte 30000 francs par an et je pense que ça nous reviendrait plus cher si c’était fait en interne avec des professionnels. » A74’

En outre, l’évaluation économique des bibliothécaires, est faite particulièrement en terme de temps. Nombreux sont les responsables qui ont indiqué qu’elle a permis un gain de temps énorme et qu’ils ne peuvent plus fonctionner autrement. Notre interlocuteur [V69], signale qu’avec la récupération des notices de la BNF, il a eu 42% de temps gagné, du moment où il ne corrige pas les notices reçues. La majorité de nos interlocuteurs confirment que même si des corrections sont nécessaires, il y a certainement un gain de temps et que les bibliothécaires, ayant l’habitude de fonctionner ainsi, ne peuvent aujourd’hui travailler autrement, soit sans la récupération des notices de la BNF ou d’ELECTRE. De plus, ils ont la possibilité de consacrer plus de temps pour leur usager et d’améliorer par conséquent le service public.

‘« La récupération des notices nous a permis de passer moins de temps à cataloguer, on ne fait que corriger les notices et les localiser…c’est vrai que ça a dégagé beaucoup de temps pour le reporter sur des tâches qui me paraissent plus importantes, comme les acquisitions et le service au public. » A92’

Par ailleurs, la sous-traitance permet des apports quant à la motivation, les compétences du personnel aussi bien que pour l’organisation interne du travail. Le redéploiement du personnel a permis une nouvelle réorganisation interne et par conséquent une redistribution des responsabilités. Le personnel se trouve soulager des tâches techniques, libéré pour développer des axes parfois laissés en jachère et ou, pour effectuer des tâches qu’il n’avait pas le temps d’effectuer auparavant, des tâches jugées plus intéressantes, plus « nobles », « plus valorisantes », pour être plus disponible pour l’accueil et l’orientation des usagers. Ils jugent que ce qui importe dans une bibliothèque publique, ce n’est pas « la beauté de la notice ou du catalogue » mais plutôt leur présence en tant que médiateurs, formateurs auprès des usagers. Dès lors, le rapport entre l’usager et le bibliothécaire s’est amélioré.

‘« Notre métier change. On est dépossédé des choses traditionnelles comme le catalogage, la reliure, pour être à la disposition du public. J’aime bien ce glissement vers le public. On est un service public et on doit être plus à la disposition du public. » V94’

Le personnel s’est ainsi débarrassé des tâches répétitives et ennuyeuses, comme par exemple, le cas de la numérisation. La sous-traitance d’une telle tâche a permis au personnel de la bibliothèque (V59) de ne plus numériser les 4000 manuscrits et de s’occuper uniquement de la numérisation des manuscrits fragiles et précieux, qui ne peuvent être confiés à l’extérieur. Ce qui permet de sauvegarder et de protéger les documents du patrimoine. Les conditions de travail sont ainsi améliorées. Le personnel est plus motivé. Ce même personnel qui a vécu la sous-traitance comme une atteinte à son travail et qui aujourd’hui, nous confirme une majorité des responsables de bibliothèques, ne renoncera plus à cette démarche.

‘« Le personnel a beaucoup râlé au départ mais actuellement ils sont bien contents. Maintenant, personne ne peut renoncer à l’achat des notices de l’extérieur…Je suis sûre que personne ici ne veut faire le chemin inverse. » A74’

La sous-traitance a permis à la bibliothèque de profiter de la compétence du personnel disponible en effectuant un redéploiement efficace des capacités existantes au sein de la bibliothèque. Ajoutons à cela, l’acquis de compétences externes permis par le côtoiement de prestataires professionnels et de spécialités différentes. Certains de nos interlocuteurs nous rappellent que l’apport qualitatif de ces derniers, n’est particulièrement garanti qu’en ayant des conventions avec des petites sociétés.

‘« Au niveau de la numérisation, il y avait un retour positif et un réel échange, parce que c’était une petite société, mais pas pour la reliure car il s’agit de grandes sociétés, on envoie les caisses. » V59’

Néanmoins, des besoins en formation se sont fait sentir. La requalification de certains personnels est devenue une nécessité afin d’accomplir les tâches qui restent à faire en interne.

Au-delà, il est à noter l’avantage d’avoir des notices bibliographiques d’une qualité meilleure. D’une part, parce que les notices sont récupérées dans des réservoirs bibliographiques alimentés par des professionnels ; et d’autre part, la récupération des notices permet une relecture et un contrôle de qualité qui n’était pas nécessairement effectué auparavant.

‘« L’intérêt de sous-traiter le traitement, plutôt que de le faire soi même c’est qu’elle permet une relecture. Ainsi, la sous-traitance génère un regard critique. On ne l’a pas soi-même si on fait les notices. Il n’y a pas de contrôle sur la qualité de la notice. » A61’

Etant un établissement public et une des sources principales des notices bibliographiques récupérées, la BNF est souvent appelée par nos interlocuteurs à baisser ses prix. Elle exerce des prix excessifs et insupportables pour certains d’entre eux.

‘« Je trouve qu’il faut qu’elle s’achemine vers la gratuité, offrir ses notices gratuitement, ou du moins, baisser ses prix car il y a des bibliothèques qui ne peuvent pas s’offrir ça. » V94’

De plus, nos enquêtés signalent la diversité et la richesse de leurs offres, comme le cas des programmes d’animations qui sont de plus en plus attractifs. Ils ajoutent que la mise en circulation des documents est rapide suite, à la récupération des notices et par conséquent entraîne une diminution du temps d’attente des usagers, une accessibilité meilleure aux fonds documentaires suite à l’informatisation et la numérisation, mais aussi une augmentation des d’heures d’ouverture possible. Dès lors, la satisfaction des usagers aussi bien que celle des tutelles, qui veillent sur l’élargissement des horaires d’ouverture peut être atteinte.

‘« On ouvre à la centrale 28 heures par semaine, mais la mairie fait pression pour qu’on ouvre davantage. Avec les 35 heures, le maire a voulu élargir les horaires d’ouverture vers le soir, notamment le mercredi et le samedi et il a également évoqué la possibilité d’ouvrir le dimanche. Avec la récupération des notices, peut-être que ça nous permettra de gagner du temps. » V94’

En effet, nos interlocuteurs affirment qu'une offre innovante et qualitative amène à une meilleure reconnaissance par les mairies.

‘« Parfois on n’a pas la compétence et les moyens. C’est plus nocif pour la bibliothèque, ça donne une image déplorable de la bibliothèque que de vouloir faire les choses en dépit du bon sens. Avec l’expérience, c’est plus facile d’avoir des crédits de la mairie pour bien faire les choses que de bricoler et de faire des choses qui n’ont aucune allure. Les crédits ne seront plus reconduits alors que si l’opération a bien marché à ce moment là, la Ville donnera des crédits supplémentaires. » V59’