Conclusion

Le recensement de différentes expériences de bibliothèques, principalement américaines et canadiennes, nous a révélé que de telles institutions peuvent être entièrement sous-traitées, tout en restant dans un cadre public et en consolidant leurs missions vis à vis de leur usagers et tutelles. La sous-traitance permet d’assurer une réduction des coûts et de mettre rapidement à la disposition de son public, des produits et des services innovants et de meilleure qualité. De même pour les bibliothèques françaises, notre terrain révèle que la sous-traitance est une pratique managériale courante dans de nombreuses bibliothèques municipales. Elle représente parfois un mode de gestion auquel il est inadmissible de renoncer. Elle est pratiquée depuis longtemps, pour un éventail de tâches et d’activités. Le traitement physique et intellectuel, mais aussi les animations, sont souvent sous-traités.

La sous-traitance cache, souvent, un état de déficience. Elle apparaît comme une solution pertinente, d’une part, permettant aux bibliothèques de dépasser leur propres limites, aussi bien matérielles que professionnelles et, d’autre part, offrant la possibilité aux bibliothécaires de se recentrer sur le cœur de leur métier. La définition de ce dernier provoque encore une polémique au sein du corps des professionnels. Dès lors, les avantages économiques et qualitatifs de la sous-traitance comme mode de gestion au sein des bibliothèques publiques, sont ainsi approuvés. Dans de nombreuses bibliothèques, la diversité et la qualité de l’offre et des services aussi bien qu’une économie de temps et d’argent sont ainsi assurées.

Toutefois, le recours à des prestataires extérieurs, particulièrement privés, continue à être rejeté. Ce rejet trouve son explication dans la fierté des responsables politiques, à pouvoir tout gérer en interne et dans leur estimation qu’ils ont recruté le personnel nécessaire à un parfait fonctionnement. En outre, le rejet quasi systématique envers la sous-traitance, est dû essentiellement à la crainte des professionnels de perdre des postes de travail et à leur refus d’effectuer des tâches qui ne rentrent pas dans le cadre de leur compétences et qu’ils ne désirent pas exercer au sein de la bibliothèque. S’y ajoute leur préoccupation de dépossession du contrôle et du savoir-faire, en interne.

En outre, les aspects à prendre en considération pour l’adoption d’un tel mode de gestion sont multiples. Certes, ils dépassent l’aspect politique ou psychosociologique. La réussite de la sous-traitance passe par les économies qu’elle engendre et par la qualité de l’offre qu’elle assure. De plus, la possession des compétences requises, pour réussir le choix de prestataires et la rédaction du contrat, de manière à assurer l’atteinte des objectifs visés et garantissant le respect des prestataires aux obligations et aux spécificités pour les quelles ils se sont engagés, est d’une importance cruciale.