1.2- Les bibliothèques municipales : pratiques managériales et solutions de remaniement interne

Avant d’exposer les choix gestionnaires adaptés et possiblement adaptables au sein des BM, lors d’une période d’instabilité financière, nous avons vérifié l’adoption des outils et des démarches managériales au sein des bibliothèques. Il ressort de nos enquêtes que les bibliothèques municipales des villes moyennes fonctionnent encore de manière artisanale. Les réflexions stratégiques restent faibles. Les outils managériaux utilisés se limitent à des tableaux de bord rarement mis à jour ou encore à des réunions ne regroupant parfois que les supérieurs hiérarchiques. La compréhension des différentes démarches managériales reste ambiguë et, bien que parfois ils en utilisent spontanément certaines, leur adaptation est rejetée. Elles se résument souvent à l’évaluation qui, d’une part, se limite à son aspect quantitatif et, d’autre part, s’effectue dans un objectif de légitimation des actions et aussi au benchmarking afin de s’assurer, avant de les reproduire dans leurs propres structures, que les expériences qui ont été menées dans d’autres bibliothèques ont bien eu des effets positifs. Cependant, les comparaisons effectuées n’ont jamais été réellement exhaustives et parfois dans un esprit « compétitif » par rapport aux villes voisines.

Les raisons de cette situation sont multiples. Elles varient entre la complexité de l’application de telles démarches et outils, pour un personnel parfois réduit et non formé et l’affirmation même, qu’une bibliothèque doit être gérée loin de toute conceptualisation économique et managériale.

En outre, les choix adoptés pour gérer les fluctuations financières se résument rarement à des solutions réfléchies faisant appel à des outils ou à des démarches managériales. Il en résulte, que l’augmentation budgétaire n’a pu constituer à elle seule un facteur de qualité et que la diminution n’a pu diffuser un état d’esprit gestionnaire. Les solutions choisies en interne sont parfois intuitives et subjectives. En revanche, elles ne reflètent pas l’absence d’une autonomie ou un manque de marge de manœuvre. Dans la majorité des cas, l’intervention de la tutelle se limite à la définition du budget. Il est vrai qu’elle impose parfois des choix à partir desquels résultent certaines solutions adoptées par les bibliothécaires, mais, ceci ne remet pas en cause l’importance du rôle que les professionnels peuvent jouer pour convaincre leurs tutelles, ainsi que l’espace de liberté et de manœuvre dont ils bénéficient pour atteindre les objectifs et les missions désignées avec les moyens qui sont à leur disposition. La performance de leur institution dépend en grande partie de leur motivation, de leur compétence et de leur capacité à assurer une rationalisation et une optimisation des ressources. Dès lors, l’ensemble des choix de remaniement interne doivent être évalués par rapport à leurs effets sur l’offre (collections et services) et par rapport à leurs impacts sur la dynamique et la volonté de l’ensemble des professionnels.