Parmi les nombreux travaux interactionnistes, ceux de Goffman occupent une place à part, et ce, même si ce sociologue n’est pas considéré comme un authentique théoricien.
‘Son attitude [est] souvent dénoncée comme “cavalière” envers les concepts et leur définition (…), ainsi qu’envers les “data” (ils sont en effet constitués de bric et de broc : notations prélevées en situation d’observation participante, extraits de journaux ou d’œuvres de fiction, exemples fabriqués, ou authentiques mais trafiqués) (…) (Kerbrat-Orecchioni, 1990 : 65)’S’il n’a pas véritablement fondé d’“école”, ses idées et ses suggestions sont omniprésentes dans la littérature interactionniste 29 . Trois aspects essentiels pour l’analyse des interactions verbales ressortent de ses travaux :
‘ Les rituels. Goffman développe l’idée d’une attention rituelle que se portent mutuellement les individus en interaction, qui consiste pour chacun à s’attacher à ce que personne ne perde la face (…).Ces divers courants anthropologiques et sociologiques n’ont pas de réelle unité. Ils partagent néanmoins les mêmes objets d’investigation et leur apport sur le plan méthodologique est fondamental. Comme nous l’avons déjà mentionné, la priorité est accordée aux données (la démarche est alors résolument inductive) et l’intérêt est porté à l’individuel et à l’événement (« (…) la question n’étant plus celle de la représentativité d’un événement, mais celle de son organisation interne où se joue l’ordre social » [Ibid., 11]).
La reprise des travaux de Goffman n’est pas toujours « avouée ». Kerbrat-Orecchioni (1990 : 66) reprend à ce sujet les propos de Levinson :
For example, the ‘face-work’ ideas have been recycled as a theory of linguistic politeness by Lakoff (1973), Brown et Levinson (1978), Leech (1983) and others, spawning a really substantial literature, much of which makes little or no reference to Goffman (see, for example, Leech 1983)