1.1.2. Répercussions sur le comportement interactionnel du particulier

La menace que représente la visite du démarcheur amène le particulier à préserver son territoire. Pour ce faire, il peut limiter l’accès du visiteur, non seulement en marquant une distance physique (en ne faisant qu’entrebâiller sa porte d’entrée par exemple) 209 , mais également en restreignant le développement de l’interaction. Toute interaction suppose un engagement mutuel des participants.

Etre engagé dans une interaction signifie qu’on y maintient une certaine attention intellectuelle et affective. Chacun connaît d’ailleurs des cas où, malgré un désintérêt profond pour ce qui se passe et l’envie grandissante d’aller “voir ailleurs” cette obligation l’emporte et l’on s’acquitte avec patience de son devoir d’engagement manifesté. (Traverso, 1999 : 16-17)’

Or, dans les rencontres de Vente Directe, le particulier démarché n’a aucunement l’obligation de s’engager dans l’interaction. S’il décide d’ouvrir sa porte, le canal de communication est ouvert 210 mais il peut entraver le développement de l’interaction en limitant la production des rituels de contact (1.1.2.1) ainsi que sa coopération à l’interaction en général (1.1.2.2), l’orientant de ce fait vers sa clôture (1.1.2.3) 211 .

Notes
209.

Nous avons mentionné cette ouverture minimale de la porte d’entrée de l’appartement sous le point 1.1.

210.

Dans certains cas, lorsque la porte de l’appartement reste close, ce n’est pas parce que le particulier est absent mais parce qu’il a décidé de ne pas ouvrir. Ses mouvements, ombres perçues à travers le judas, révèlent qu’il refuse la visite.

211.

Nous ne reprendrons ici que les éléments qui révèlent la manière dont le particulier tente de préserver son territoire. Pour une étude longitudinale qui permet de faire l’inventaire des différents échanges constitutifs de la séquence de l’entrée en porte, on pourra consulter Lorenzo-Basson (1999).