2.1.3. Un dérangement confirmé par le prospect

Dans la plupart des interactions de notre corpus, les excuses sont à l’initiative du démarcheur. Cependant, à l’ouverture de la porte, il arrive qu’une vive réaction du particulier invite le vendeur à présenter ses excuses. Le dérangement est alors plus que certain puisqu’il est abordé par le particulier lui-même.

Interaction n°7 :’ ‘4 C : vous trouvez qu’c’est l’moment là: d’nous empêcher d’manger là/’ ‘6 V : oh: mince (.) on voulait pas vous empêcher d’manger’ ‘ Interaction n°26 :’ ‘1 C : qu’est-ce que c’est/’ ‘2 V : pardon mons- j’vous ai : pas dérangé/ [(inaudible)’ ‘3 C : [on est en train d’manger’ ‘4 V : =a:h j’suis désolé on réalise une petite enquête auprès des habitants du quartier est-ce que vous avez quelque:s petites minutes à nous accorder/’ ‘5 C : ah: (.) pas maintenant (.) [(inaudible) à une heure et quart et: (.) (il) y a beaucoup de trajet’

Dans ces deux extraits, la première intervention de chacun des prospects est d’une grande agressivité — notamment dans l’interaction n°26 où aucune salutation préalable n’est relevée. Le vendeur produit alors des formules réparatrices : « mince » (6V, I7) et « pardon » (2V, I26) — renforcées par « j’suis désolé » dans l’intervention suivante (4V, I7). Contrairement aux excuses jusqu’alors envisagées, ces formules réparatrices ont une position réactive. Le démarcheur n’a d’autre alternative que de s’excuser, quelque peu décontenancé par l’agressivité dont il est la cible 261 . Il atténue l’offense ressentie mais elle est trop conséquente. Dans les deux cas, que le vendeur essaie ou non de poursuivre sa présentation, toute tentative échoue et l’interaction trouve rapidement fin.

Notes
261.

L’interruption du mot « monsieur » ainsi que l’allongement du participe « ai » sont quelques traces de l’hésitation du démarcheur face à un tel comportement de son interlocuteur.