2.3.1. Un premier adoucisseur paraverbal : le rire

Le rire est une première stratégie d’adoucissement. Elle ne se situe pas au même niveau de formulation linguistique que les éléments qui vont être évoqués par la suite. Elle est cependant classée parmi les procédés additifs que nous avons décrits sous le point précédent car elle accompagne la formulation d’une intervention dans le but d’atténuer la menace qu’elle provoque. Ces adoucisseurs paraverbaux sont relevés à plusieurs reprises dans le corpus. A chaque rencontre, même si cela n’est pas indiqué dans notre corpus, le vendeur doit sourire à l’ouverture de la porte afin de paraître moins menaçant. Ce sourire se transforme parfois en rires pour une atténuation plus importante.

Interaction n°2 :’ ‘4 V : n’ayez pas peur hein c’est rien (RIRES)’ ‘ Interaction n°23 :’ ‘1 V : ah vous êtes là (.) bonjour (RIRES) [...]’ ‘ Interaction n°24 :’ ‘1 V : bonjour madame R. (RIRES)’

Ces extraits montrent que le rire est présent dès les premiers instants de l’interaction. Ce procédé paraverbal constitue une stratégie efficace pour un vendeur soucieux d’adoucir l’offense qu’il commet. La menace est alors atténuée et le rire initiateur du démarcheur se voit d’ailleurs généralement renvoyé par son interlocuteur :

Interaction n°2. :’ ‘1 M : [bonjour’ ‘2 V : [bonjour’ ‘3 C1 : bonjour’ ‘4 V : n’ayez pas peur hein [c’est rien (RIRES)’ ‘5 C : [non non j’ai pas peur j’écoute (RIRES)’

Le rire du démarcheur trouve immédiatement réponse puisqu’il est repris par le particulier dans l’intervention réactive qui le suit. Dans d’autres cas, il est repris plus tardivement.

Interaction n°24 :’ ‘1 V : bonjour madame R. (RIRES)’ ‘2 C : bonjour’ ‘3 V : vous êtes en plein travaux là hein dites [don:c aïe aïe aïe’ ‘4 C : [oui oui’ ‘5 V : rien d’bien grave hein/ nous sommes du centre d’étude et d’information Hachette [madame R.’ ‘6 C : [tais-toi (.) ça suffit ((s’adressant au chien qui aboie))’ ‘7 V : ben i(l) vous prévient hein/ (RIRES)’ ‘8 C : oui (RIRES)’ ‘9 V : et on vient vous savez récupérer la p’tite fi:che (.) qu’on vous a laissée (il) y a dix jours dans la boîte aux lettres en c’qui concerne les centres d’intérêt\’

Ce n’est qu’après quelques échanges que le particulier renvoie le rire de son interlocuteur. Cela ne veut pas pour autant dire que le particulier censure ce rire. Dans d’autres interactions dans lesquelles le vendeur accompagne son intervention d’un rire, celui-ci peut n’être renvoyé par le client que sous la forme d’un sourire. Dans tous les cas de figure, le corpus montre que le rire du vendeur est communicatif, au moins sous la forme d’un sourire. Cette stratégie semble ainsi clairement amortir la menace provoquée par la visite.