2.3.3.2. La requête alternative

Lorsque le particulier ne peut accorder du temps à son interlocuteur, c'est-à-dire dans les cas où il répond négativement à la question « est-ce que vous avez deux p’tites minutes à nous accorder », le démarcheur propose la prise d’un rendez-vous. Cette suggestion prend la forme d’une requête, sorte d’alternative à la requête principale qui ne peut être énoncée (étant donnée l’indisponibilité du particulier). Cet acte constitue une nouvelle menace pour le prospect. Le souhait d’une prise de rendez-vous est par conséquent formulé à l’image de toutes les interventions précitées : le vendeur doit adoucir ce nouveau FTA.

‘ Interaction n°3 :’ ‘15 V : (il) y a: p’t’être un moment où on peut passer sans qu’ça vous dérange trop/’ ‘ Interaction n°6 :’ ‘9 V : ok (.) ben heu: p’t’être qu’on peut r’passer à un aut(re) moment alors/’ ‘ Interaction n°27 :’ ‘24 V : à quelle heure j’peux m’permettre de passer alors sans qu’ça vous dérange trop/’

Le démarcheur émet la possibilité de revenir ultérieurement, mais il montre qu’il est attentif au dérangement provoqué (« sans qu’ça vous dérange trop »). Il produit également de nombreux modalisateurs (le verbe « pouvoir » ou l’expression adverbiale « peut-être »), et emploie d’autres adoucisseurs qui accentuent l’ingérence provoquée (« me permettre de passer »). Ainsi, même après un refus de la part du prospect, la formulation de cette requête indirecte alternative révèle que le démarcheur reste prudent. Il tente de négocier un rendez‑vous tout en minimisant le nouveau FTA qu’il commet ³¹³ .

La requête constitue l’acte le plus menaçant pour le territoire de son destinataire. Qu’elle se situe en début d’interaction, comme la pré-requête, ou en fin de rencontre, comme la prise de rendez-vous, elle requiert des stratégies de minimisation importantes, sans quoi la portée du FTA serait trop grande. L’émetteur de ces requêtes emploie par conséquent tout un système de procédés qui adoucissent nettement l’offense que représentent ces actes.