4.1. Rapprochement physique

A l’entrée du démarcheur dans l’appartement 356 , les deux interactants se trouvent dans une relation proxémique nouvelle. Lors de la prise de contact sur le palier, l’encadrement de la porte — voire la porte elle-même 357  — délimitait le territoire du particulier. Son espace personnel était visuellement accessible par le démarcheur, puisqu’ouvert sur le palier 358 , mais cette intrusion était la seule possible. A aucun moment le visiteur ne franchit la limite verticale, matérialisée par le montant de la porte, sans l’accord — au moins tacite 359  — de son interlocuteur.

Positionné sur le seuil de l’appartement, le vendeur se situait déjà sur le territoire personnel du particulier, du moins sur son prolongement 360 . Mais le visité pouvait limiter l’intrusion territoriale en n’ouvrant que partiellement sa porte, voire en la fermant si la violation territoriale était trop fortement ressentie. Lorsque le particulier accueille son visiteur à l’intérieur de son appartement, il l’invite à pénétrer définitivement sur son territoire privé et l’y enferme puisqu’il clôt sa porte derrière lui, ne laissant alors aucune ouverture sur un espace moins personnel 361 . Les deux interactants se retrouvent alors dans un nouvel espace dans lequel ils doivent se positionner, chacun selon ses attentes. Celles du démarcheur sont dictées par son objectif commercial : il faut gérer l’installation dans ce nouveau cadre spatial (4.1.1) et tenir compte des contraintes physiques posées par sa démarche, comme celle de la présence d’objets partagés (4.1.2).

Notes
356.

Le terme d’« appartement » sera ici constamment employé pour décrire les lieux dans la mesure où la quasi-totalité des particuliers démarchés résident dans ce type d’habitation collective (un seul vit en maison particulière - interaction n°23).

357.

Dans les cas où le particulier reste partiellement derrière sa porte pour se protéger de la démarche (c’est le cas de l’interaction n°14 évoquée sous le point 3.2.2.2.a)).

358.

Cette accessibilité est d’ailleurs utilisée par le vendeur qui commente parfois ce qu’il voit comme dans l’interaction n°20 « en tout cas c’est bien fleuri chez vous hein » (46 V). (Se reporter au point 2.1.2.2).

359.

Ce qui est le cas lors des coups de force du vendeur étudiés sous le point 3.2.3.3.b) (interactions n°17 et 22).

360.

Pour une étude des limites du territoire personnel du particulier, se reporter au point 1.1.1.1.

361.

Cette fermeture de l’espace peut être radicale dans les cas où le particulier verrouille la serrure de sa porte.