1.2.2. Les erreurs d’acquisition et les stratégies d’apprentissage

Des travaux révélant le caractère systématique des erreurs chez les mêmes apprenants ont conduit certains auteurs à rejeter une proposition fondée sur le caractère aléatoire des erreurs. Selon Chomsky entre autres, ses erreurs seraient le résultat de performances imparfaites (inattention et fatigue). Or, ces auteurs proposent l’hypothèse de l’existence d’une « interlangue » (« interlangue » : Selinker, cité par Gaonac’h, 2001, p.126) ou d’un système approximatif (Nemser ; Sampson et Richards, cité par Gaonac’h, ibid.) Une interface instable et transitoire qui au fur et à mesure de l’apprentissage donne lieu à des informations : un dialecte « idiosyncrasique » dont les règles sont propres à celui qui parle ce dialecte (Corder, cité par Gaonac’h, ibid., p. 125).

Des travaux sur la nature des acquisitions de la langue maternelle (L1) et la deuxième langue (L2) démontrent que les erreurs « différentes »  entre L1 et L2 et entre apprenants peuvent s’expliquer par l’existence d’un seul et unique système qui permet des variations dans son utilisation (Gaonac’h, 2001 p. 126). L’apprenant analyse les données linguistiques mais à des niveaux multiples. Selon le mode de compétence exigé  (expression orale et écrite ; compréhension orale et écrite) il assimile ensuite ou modifie l’information avec des connaissances antérieures. Des apprentissages « différents » entre apprenants mais systématiques pour celui qui apprend, s’expliquent alors par l’utilisation variée des stratégies influencées par les capacités cognitives de l’apprenant, les représentations de l’apprenant, et par l’objectif de l’activité. Une acquisition qui demande donc des apprenants actifs et conscients et des stratégies  « modifiables » et « apprenables ».