1.4.2. Les stratégies : élément facilitateur de l’acquisition

Dans une formation en autonomie, le fait de se prendre en main, de se fixer des objectifs, de planifier sa formation et de s’auto évaluer, suppose une recherche active qui peut être transférée en dehors de l’institution à d’autres moments. Dans le domaine de la métacognition, les recherches en éducation de Brown et coll. (cité par Cyr, 1998, p. 42) et en didactique de Wenden (ibid.) démontrent que  les élèves sans l’approche métacognitive ‘«’ ‘ sont essentiellement des apprenants sans but et sans habilité à revoir leurs progrès, leurs réalisations et l’orientation à donner à leur apprentissage futur ’ ‘»’ (O’Malley et coll., ibid.). Pour sa part Tardif (ibid.) confirme que les bons apprenants sont ceux qui recherchent activement à pratiquer la langue en dehors de la salle de classe dès que l’occasion se présente. Il remarque « la différence entre les experts et les novices ». Des études plus récentes, comme Albero (2000) soulignent l’utilisation fréquente des stratégies métacognitives par les apprenants inscrits dans des dispositifs à dominante « coopérante » et « auto-directive 5  : des formations alors plus autonomisantes. D’autres recherches comme P. Cyr (1998) nous indiquent que les élèves les plus avancés utilisent d’avantage les stratégies métacognitives que les débutants. Vann et Abraham, (cité par Cyr, p. 42) soulignent aussi l’habilité des bons apprenants à choisir la stratégie appropriée selon la tâche à accomplir, quelque chose que les apprenants faibles n’arrivent pas à faire. Bien que l’importance de leur présence soit démontrée, le degré de cette importance n’est pas encore confirmé. Les stratégies métacognitives selon d’autres chercheurs, J-L Wolfs (2001, p. 32) sont surtout importantes pour des tâches nouvelles ou difficiles qui impliquent des situations dites de « déséquilibre cognitif ». Pour des situations familières, répétitives ou pour lesquelles l’apprenant dispose d’une large expertise, l’utilisation de la métacognition n’est pas indispensable. Par ailleurs, comme nous le verrons plus tard, l’influence des variables affectives sur ces stratégies sont aussi des facteurs déterminants dans le degré de son utilisation.

Dans le domaine des stratégies cognitives, mémoriser, réviser et prendre des notes sont des activités très concrètes qui sont déjà connues et conseillées par les enseignants même si la stratégie de répétition est souvent négligée en réaction au béhaviorisme. Alors que les travaux de Wesche et de Ramsay (cité par Cyr 1998, p. 47), ont démontré que répéter, se parler à soi-même pour pratiquer, facilite la prononciation, la mémorisation à long terme et améliore la compétence orale des apprenants.

Cependant les résultats de recherche d’O’Malley et coll. (cité par Cyr, p. 73) soulignent les effets bénéfiques de l’association de ces stratégies avec les stratégies métacognitives.. Mémoriser dans quel but pour atteindre quel objectif? Sur le même sujet, en empruntant la notion de « boîte à outil », J-L. Wolfs (2001, p.14) parle des compétences-outils cognitifs (savoir-faire) qui ont besoin d’un comportement de gestion de l’activité (métacognitive) pour atteindre une « compétence produit » 6 . L’importance de cette compétence produit, d’un « traitement » des données, ou d’une « tâche » à effectuer ou d’une «  appropriation » des données à partir d’une problématique, est cependant souvent confondue avec une activité de collecte de données qui implique une mémorisation ou une action passive de « copier, coller » et devrait donc être mieux explicitée.

Dans le domaine des stratégies socio-affectives, les recherches de Gardner et Lambert, (cité par Cyr, 1998) et de Wolfs (2001), indiquent l’importance pour l’apprenant de gérer ses émotions, de poser des questions, de surmonter ses erreurs et de coopérer dans des activités. L’apprenant doit s’impliquer personnellement dans son apprentissage. Les corrélations ‘«’ ‘ hautement significatives entre la fréquence et la variété des stratégies utilisées et les mesures de la motivation ’ ‘»’ ont été également soulignées, (Oxford et Nyikos cité par Cyr, 1998, p. 95). Bien qu’indécis sur la relation exacte entre la motivation , l’attitude et les stratégies, il y a néanmoins consensus sur l’existence d’un lien très complexe entre les bons apprenants, la variété et la fréquence des stratégies qu’ils utilisent. Des stratégies donc qui peuvent être apprises pour faciliter l’apprentissage en autonomie

Notes
5.

Cf. les explications sur les dominantes, l’étude Albero (2000), ci-après p. 29.

6.

Les compétences, énumérées par J-L. Wolfs, 2001,  « compétences-produits », ou «  terminales » décrivent ce que la personne doit pouvoir faire face à un type de situations.