1.3.2.5. Le rôle d’enseignant et de tuteur : les différences

En reprenant la définition de Holec, (cité par Gremmo dans Albero et al, 2003, p.155) sur l’autoformation : ‘«’ ‘ L’apprenant réalise un apprentissage en prenant lui-même les décisions concernant les objectifs à atteindre, les moyens à mettre en œuvre, les modalités de réalisation, la gestion de la mise en œuvre effective et l’évaluation des résultats, en assumant la responsabilité de ses décisions ’ ‘»’ et en comparant les exigences du travail d’enseignant avec celles du travail de tuteur, établies à partir des aspects déjà mentionnés, nous pouvons mieux constater les différences fondamentales entre le rôle d’enseignant et celui de tuteur :

Tableau 4 : les différences entre le rôle d’enseignant et celui de tuteur
Les exigences du travail d’enseignant Les exigences du travail de tuteur
- Qu’il soit expert dans son domaine  - Qu’il soit expert dans son domaine 46  
- Qu’il sache déterminer les compétences à transmettre, les objectifs à atteindre - Qu’il sache poser les bonnes questions afin d’aider l’apprenant à fixer ses propres objectifs.
-Qu’il ait des connaissances approfondies sur la nature du processus d’apprentissage afin de pouvoir transmettre les connaissances à une classe hétérogène, d’une manière passive ou active. - Qu’il ait des connaissances approfondies sur la nature du processus d’apprentissage.
- Qu’il ait « des connaissances sur l’apprentissage en autoformation ».(Gremmo, 1999 p.61).
- Qu’il connaisse bien le système d’apprentissage en autoformation dans lequel l’apprenant est inscrit afin de pouvoir conseiller, accompagner et aider l’apprenant à s’approprier les connaissances par ses propres efforts en étant acteur de sa situation.
- Qu’il soit l’autorité unique pour gérer et coordonner les interactions « artificielles  47 » qui passent par lui.
- Qu’il sache adopter une attitude appropriée pour maintenir la motivation des apprenants.
- Qu’il ne se mette pas en position d’autorité afin de rendre les interactions plus équilibrées et de maintenir un discours « naturel ». 48
- Qu’il sache adopter une attitude appropriée
- Qu’il sache s’adapter à une situation irrégulière changeante pour maintenir l’équilibre de la relation et la motivation des apprenants.
- Qu’il sache accomplir la tâche lui-même : les problèmes qu’on peut rencontrer et les stratégies disponibles pour les résoudre afin de prévoir les réponses et les aides à donner aux apprenants - Qu’il sache accomplir la tâche elle-même : les problématiques qu’on peut rencontrer et les stratégies disponibles pour les résoudre afin de rendre la tâche plus intelligible et faciliter la mise en œuvre des stratégies par l’apprenant.
- Qu’il sache argumenter suffisamment pour permettre aux apprenants de modifier leurs comportements et faire évoluer les représentations qu’ils mobilisent lors de l’apprentissage, les rendant plus autonomes.
- Qu’il prenne le temps nécessaire pour négocier avec les apprenants la validité d’une mise en question des stratégies utilisées pour un apprentissage plus efficace.
- Qu’il soit capable de ne pas prendre les décisions concernant l’apprentissage à la place des apprenants et de se situer dans une posture d’aide. (Gremmo dans Albero et al, 2003, p. 159).
- Qu’il sache évaluer le travail pour déterminer ce qui est acquis ou pas. - Qu’il sache évaluer le travail pour déterminer les conseils à donner pour permettre aux apprenants d’être plus efficaces et d’atteindre leurs objectifs.

Les différences fondamentales entre le rôle d’enseignant et le rôle de tuteur résident donc dans les points suivants :

Notes
46.

Ceci n’est pas obligatoire comme nous avons déjà constaté dans le tutorat en général mais en langue il est important que le tuteur parle la langue ciblée à un niveau assez avancé si ce n’est pas sa première langue.

47.

Discours « artificiel » de la classe traditionnelle : la communication « didactique » implique l’obligation de faire produire du langage par les apprenants (l’enseignant pose la question, l’apprenant donne la réponse recherchée par l’enseignant qui corrige ou qui confirme par répétition).

48.

Par opposition à un discours « artificiel » Cf. note 47.