1.2. Les avantages d’une formation

Les recherches sur l’action tuteur menées auprès des universités anglo-saxonnes démontrent les avantages d’une formation au rôle complexe de tuteur tout en soulignant le besoin de tenir compte de leurs statuts différents: expert et non-expert. Harrison déjà en 1976 (cité par Barnier 2001, p. 97), en révélant les bénéfices d’un tutorat encadré et d'une formation des tuteurs, élabore un modèle de préparation des tuteurs en trois phases :

amener le tuteur à mettre en forme par écrit et de manière simple, précise et concise, les instructions afférentes à la tâche à réaliser ;

discuter ensuite avec lui des savoirs-faires requis pour réaliser cette tâche, à partir de ce que le tuteur a lui-même écrit. Expliciter, clarifier les exigences et les difficultés de la tâche à réaliser ;

élaborer une mise en situation avec un jeu de rôle : le formateur jouant celui du tutoré et le tuteur jouant le sien.

Bruner en 1976 et en 1983 (cité par Barnier 2001, p. 188) reconnait le besoin d’un processus « d’étayage » ou d’un entretien de conseil et propose six fonctions qu’il divise en deux parties :

  • la partie socio-affective qui comprend la motivation et l’encouragement pour
  • l’ aboutissement d’un objectif visé
  • la partie cognitive qui comprend la simplification de la tâche, les explications des caractéristiques pertinentes pour la résoudre.

Aujourd’hui, dans les pays anglo-saxons, la nécessité d’une formation au tutorat est largement reconnue, la plupart des universités ayant déjà mis en place des dispositifs permettant aux tuteurs d’améliorer leurs compétences en matière d’aide, de conseil et de guidage (Baudrit 2000). En France cependant, bien qu’un « tutorat méthodologique » des études supérieures soit proposé depuis 1996 pour les étudiants en première année, la formation des « tuteurs »  est officiellement « la responsabilité des enseignements qui les encadre ». Pour le tuteur en langue une formation telle que celle dispensée par le CRAPEL 63 à Nancy serait bien sûr la solution idéale. Ouverte à tous publics avec des expériences didactiques variées et compétences diverses, la formation de conseiller prépare les stagiaires, en groupe de quatre, à l’expertise du conseiller, au savoir spécifique : apprendre à apprendre, à l’entretien de conseil et aux tâches du conseiller (S. Bailly, 1993 p. 65). Cependant, comme nous l’avons déjà constaté, la réalité veut que ce ne soit pas toujours possible de bénéficier d’une telle expérience. Néanmoins, afin de réduire la tension créée par l’absence de soutien, d’éviter les erreurs de définition et les écarts entre la théorie et la mise en pratique, je propose un « soutien » en forme de guide du rôle de tuteur. Un guide que je présente comme point de départ pour une formation qui nécessitera du temps de réflexion, d’expérimentation, de concertation et collaboration pour la mener à bien.

Basé sur l’approche de recherche-action de Vieira (2000), sur la formation conseiller du CRAPEL 64 et sur des descriptives et résultats d’études menées auprès des centres de langues et des dispositifs d’autoformation, ce guide s’adresse notamment aux tuteurs de langue maternelle anglaise et/ou française, et vise à assister des tuteurs responsables de 15 à 20 apprenants, pour qui les entretiens en face à face ne peuvent plus avoir lieu, faute de temps et d’argent. 65 .

Notes
63.

Une formation officiellement reconnue et réputée.

64.

CRAPEL : Centre de recherche et d’application pédagogique en langues.

65.

L’abandon des entretiens en face à face en individuel faisant parti de la réalité des universités françaises, au moins à Lyon 2, pour les étudiants non spécialiste en anglais.