LE THÈME DE L’ESPACE

Mais on se demande aussi pourquoi l’espace est un thème bien constant dans la production littéraire de Calvino et pourquoi il semble représenter une si grande préoccupation. Et encore quel est son rapport avec l’espace ?

Evidemment la réponse, on la trouve dans ses romans et dans les différentes représentations qu’il donne de l’espace, parce qu’on ne peut pas parler d’un espace mais de plusieurs espaces qui changent progressivement et qui semblent évoluer parallèlement à sa vision du monde.

Mais, d’abord, l’importance donnée à ce thème semble rentrer dans son projet littéraire, c’est-à-dire qu’il veut construire une littérature qui arrive à maîtriser le monde que nous habitons. Car celui-ci est envahi par des images préfabriquées et où l’individu est incapable de construire une image individuelle puisque :

Aujourd’hui, nous sommes exposés à un tel bombardement d’images que nous n’arrivons plus à distinguer l’expérience de ce que nous avons vu produit pendant quelques secondes à la télévision. 9

Et une de ces capacités à produire des images individuelles est peut- être de construire un regard critique par rapport aux images qui frappent notre regard et surtout une capacité à connaître et à découvrir les espaces qui nous entourent.

Cet objectif est bien explicite dans une lettre que Calvino écrit à François Wahl le premier décembre 1960. L’écrivain affirme ici reconnaître que ses récits, parfois, manquent d’action et semblent plutôt caractérisés par la contemplation. Et cet aspect est loin d’être considéré comme négatif par l’auteur qui déclare aussi que si ses récits n’ arrivent pas en profondeur et si ses histoires s’arrêtent soudainement, c’est parce que ce processus correspond à sa psychologie et à son rapport avec le monde :

Effectivement, ce processus doit correspondre à ma psychologie, à mon rapport avec le monde (…). En somme, la chose à laquelle je tiens le plus, la seule chose que je voudrais pouvoir enseigner est une manière de regarder, c’est à dire d’être au milieu du monde. Au fond, la littérature ne peut pas enseigner autre chose. 10

Ici se manifeste le désir de pouvoir enseigner une façon de regarder et d’être au milieu du monde, ce qui est confirmé dans les Lezioni Americane et notamment dans la Leçon Visibilité.

Les Leçons américaines, œuvre posthume, proposent un ensemble de réflexions a posteriori sur l’expérience personnelle de Calvino écrivain et de Calvino lecteur d’œuvres littéraires ; expérience qui acquiert une valeur testamentaire. En effet, nous pouvons aussi lire cette œuvrecomme une sorte de guide littéraire ou comme le sous-titre l’indique un Aide mémoire pour le prochain millénaire.

Le parcours suivi par Calvino est surtout une réflexion sur la littérature dans son processus temporel : du passé au présent et surtout en cherchant à prévoir le futur. Pour la première fois, dans les Leçons, on est face à l’écrivain, dans le rôle du maître, du professeur. Il s’agit, en effet, d’une série de conférences que Calvino aurait dû prononcer à l’Université de Harvard dans l’année académique 1985-86 11 . Il arrivera à écrire seulement cinq conférences : Leggerezza, Rapidità, Esattezza, Visibilità, Molteplicità ; la sixième conférence prévue, sur la consistance, n’a pas été rédigée à cause de la mort de l'écrivain.

Nous nous penchons sur la visibilité. Mais, il est intéressant de voir comment à partir de la préface s’explique la signification de la visibilité comme valeur littéraire à sauvegarder dans cette fin de siècle.

Si j'ai confiance en l'avenir de la littérature c'est parce qu'il est des choses, je le sais, que seule la littérature peut offrir par ses moyens spécifiques. Aussi voudrais-je consacrer ces conférences à quelques valeurs ou qualités ou spécificités littéraires qui me tiennent particulièrement à coeur [...]. 12

Et cela semble être la réponse à l’une des plus grandes inquiétudes que l'écrivain constate dans notre fin de siècle, qui est aussi la fin d’un millénaire, comme nous pouvons le lire dans la leçon Visibilité.

Si j'ai inscrit la Visibilité sur ma liste de valeurs à préserver, c'est pour mettre en garde contre les dangers que nous courons de perdre une faculté humaine fondamentale : la vision nette les yeux fermés, le pouvoir de faire jaillir couleurs et formes d'un alignement de lettres noires sur une page blanche, l'aptitude à penser par image 13 :

Si d’un côté l'écrivain manifeste son inquiétude face à la perte ou à la faiblesse de la faculté imaginative, d’un autre côté il montre sa confiance dans la fonction de la littérature car ‘"’ ‘ci sono cose che solo la letteratura può dare’ ‘"’.

L'extraordinaire impression, que donne la lecture de la conférence Visibilité, est celle d'un voyage par étapes dans l'univers visible qu'ont formé et nourri les connaissances de l'écrivain sur cette thématique.

Dans la présente recherche, nous nous proposons de reprendre plusieurs questions que l'auteur se pose en formulant la conférence Visibilité, pour essayer de comprendre les réponses à ses soucis pour ce que sera la place de l'imagination visuelle dans le prochain millénaire. Il se pose les questions suivantes :

D'où proviennent les images qui « tombent » dans l'imagination  « comme une pluie » ? 14

Quel avenir est réservé à l'imagination individuelle dans ce qu'il est convenu appeler la "civilisation de l'image"? 15

Et encore

La faculté d'évoquer des images in absentia continuera-t-elle à se développer chez des hommes de plus en plus soumis à un déluge d'images préfabriquées? 16

Calvino trouve une réponse à ces questions grâce à ses connaissances scientifiques et aux écrivains qui auparavant ont parlé de l'imagination. Il aborde, en fait, le thème par un vers pris dans le Purgatorio (II, XVII, 25)de Dante Alighieri qui dit :

‘Poi piovve dentro a l'alta fantasia.’

Et il complète cette citation en formulant cette idée :

‘L'imagination est un lieu où il pleut 17
Et toute la conférence va tourner autour de cette constatation.’

L'écrivain nous montre comment il arrive à maîtriser cet univers plutôt compliqué grâce aux exemples qu'il donne et qui constituent une sorte d'histoire de l'imagination qui part de Dante pour arriver jusqu'aux écrivains d'aujourd'hui.

Dans ce parcours - histoire de l'imagination il cite le texte de Jean Starobinski, L'empire de l'imaginaire, parce qu'à son avis c'est :

‘L'histoire la plus complète, la plus claire, la plus synthétique de l'idée d'imagination 18

Enfin, après avoir analysé les théories de l'imagination de Starobinski – c'est à dire de l'imagination comme un véhicule de communication avec l'âme du monde ou comme instrument de connaissance – il explique son idée de l'imagination :

‘L'imagination comme répertoire de potentialités, d'hypothèses, de choses qui ne sont ni n'ont été, ni peut être ne seront, mais qui auraient pu être. 19

Une idée d'imagination, donc, qui s'éloigne de celle de Starobinski et qui est plutôt "extra-individuelle" et "extra-subjective".

On peut considérer cette idée la théorie de l'imagination de Calvino, et à ce propos il est curieux de rappeler l'aspect pratique que l'écrivain décrit dans la même leçon.

La première chose qui me vient à l'esprit quand je forme le projet d'une histoire, est donc une image dont pour une raison ou une autre le sens me parait riche, ou meme s'il m'est impossible de formuler ses sens interdiscursifs ou conceptuels. Dès que cette image mentale a acquis assez de netteté, j'entreprends de la développer en histoire, ou pour mieux dire, ce sont les images elles-memes qui développent leurs potentialités implicites, le réecit qu'elles portent en elles. Autour de chaque image d'autres surgissent, qui forment um champ d'analogie, de symétries, d'oppositions. […] Dans le même temps, l'écriture, la mise en mots, acquiert de plus en plus d'importance; […] puis l'écriture devient progressivement maîtresse du terrain. C'est elle qui oriente le récit dans la direction que l'expression verbale suit avec le plus de bonheur; l'imagination visuelle n'a plus qu'à lui emboîter le pas. 20

Le processus décrit ici est celui qui part de l'image pour arriver à la parole et, plus exactement, c'est la même écriture qui donne une valeur aux images qui au début se présentent confuses. En effet, l'écriture a le pouvoir de maîtriser et de lui donner un ordre. Ce processus (image visuelle –écriture) est à l'origine de la plupart des récits de Calvino et surtout des récits fantastiques. L’auteur explique :

Lorsque j'ai commencé à pratiquer ce genre, je ne me posais pas encore de problèmes théoriques; une seule chose me semblait sûre, la présence d'une image visuelle à l'origine de chacun de mes récits. Par exemple, l'image d'un homme coupé en deux moitiés, qui continuent à vivre indépendamment l'une de l'autre ; ou bien l'image d'un garçon qui a grimpé sur un arbre et qui passe ensuite de branche en branche, sans plus mettre pied à terre; ou encore, l'image d'une armure vide, douée de mouvement et de parole comme s'il y avait quelqu'un à l'intérieur 21 .

Mais parfois le procédé change, c'est le cas des Cosmicomiche où le récit débute par un énoncé scientifique.

En conclusion, la même expérience de l'écrivain semble répondre à la question inévitable du début :

d'où proviennent les images qui «tombent » dans l'imagination «comme une pluie » ? 22

Plusieurs fois, Calvino a montré ses soucis face à la difficulté actuelle d'évoquer des images "in absentia" à cause des images préfabriquées auxquelles nous sommes soumis.

L'œuvre, tout entière, de l'écrivain semble être une réponse à ces soucis, mais il théorise une vraie pédagogie de l'imagination, puisque les images se forment d'une façon "mémorable""autonome" et "incisive "(icastica).

En réponse à la question sera-t-il possible une littérature phantastique dans le nouveau millénaire ? (‘sarà possibile una letteratura fantastica del Duemila?’), il écrit :

‘Deux voies paraissent d'ores et déjà s'ouvrir. Première solution : recycler les images usées, en les insérant dans un nouveau contexte qui en modifie le sens.(..)
Deuxième solution : faire le vide, pour repartir à zéro. 23

Dans une interview accordée à B. Placido, qui lui demande si l'homme sera encore capable de fantasticare dans le prochain millénaire, Calvino dira :

‘[…] je crois que d'abord il faut avoir des bases d'exactitude, de méthode, de caractère concret, de sens de la réalité. C'est seulement à travers une certaine solidité prosaïque qui peut naître une certaine créativité; l'imagination est comme la confiture, il faut qu'elle soit étalée sur une solide tranche de pain. Autrement, […] tout reste comme quelque chose d'informe, comme une confiture sur laquelle on ne peut rien construire.] 24

Et encore dans la leçon Visibilité en parlant de plusieurs éléments qui concourent à former le coté visuel de l'imagination, il souligne l'importance de l'osservazione diretta del mondo reale. Les mêmes motifs sont représentés dans Palomar où Calvino, encore une fois, essaie de montrer une façon d'observer l'univers environnant et de traduire toute une visibilité du monde en écriture.

Et ses personnages semblent exactement correspondre à cet idéal, Palomar – le protagoniste du dernier roman- en particulier, mais aussi les autres (Marcovaldo, Qfwfq) essaient de mesurer et de découvrir des espaces pour pouvoir, enfin, les reconstruire et les maîtriser.

Toutefois, plutôt que d’une contemplation de l’espace par ces personnages il s’agit d’une analyse qui devient de plus en plus compliquée.

Dans le premier roman par exemple – Il sentiero dei nidi di ragno – le sentier représente un espace de connaissance mais en même temps un trajet et le protagoniste Pin essaie d’annuler la distance entre lui et les choses avec son pistolet.

Ensuite, les perspectives des personnages changent en devenant plus recherchées, Cosimo de Rondo’ regarde le monde d’en haut – au sommet d’un arbre- pour obtenir une vision différente des autres. Marcovaldo, par contre, cherche des espaces champêtres inexistants dans un monde désormais dominé par la pollution et l’industrialisation.

Ces personnages sont toujours mal à l’aise et cherchent un ailleurs, dans des espaces concrets ou aussi dans l’imagination comme Kublai-Kan et le protagoniste de Sotto il sole Giaguaro.

Mais, après Marcovaldo (1963), et en général dans les années 60 l’art narratif de Calvino et surtout ses représentations spatiales changent.

On ne retrouve plus de paysages harmonieux, de natures verdoyantes et couvertes d’arbres ni même de mers peuplées de poissons multicolores, typiques des premiers romans, au contraire, on trouvera des villes anonymes, incolores, ou d’autres corps célestes comme la lune.

Un premier signe de ce changement apparaît dans les Cosmicomiques (1963), œuvre totalement consacrée à l’espace mais qui signale, en même temps la perte d’un espace concret, vrai : tout semble être indéfini, subjectif, indistinct.

Dans un récit intitulé Un segno nello spazio rien ne semble se distinguer et trouver une place :

Il n’y avait plus moyen de fixer un point de référence : la Galaxie continuait à tourner, mais moi, je ne réussissais plus à compter les tours, n’importe quel point pouvait être celui du départ, n’importe quel signe enchevêtré avec les autres pouvait être le mien, mais il ne m’aurait servi à rien de le découvrir, tellement il était clair qu’indépendamment des signes l’espace n’existait pas, et que peut-être même il n’avait jamais existé. 25

L’espace absolu n’existe plus, alors Calvino essaie de penser et de projeter continuellement d’autres espaces, des mondes futurs qui sont en même temps une sorte de résistance à « l’opacité » du monde, à une réalité qui l’inquiète beaucoup.

Ici nous essayons aussi de répondre à la question de son rapport à l’espace, qui se montre difficile surtout parce que, comme il l’avoue dans l’introduction à Una pietra sopra le monde lui apparaît comme une catastrophe :

‘(..) le monde que j’ai sous les yeux,(..) la société se manifeste comme crise, comme effondrement, comme gangrène, ou, dans ses apparences les moins catastrophiques, comme une vie au jour le jour. 26

Le péril que Calvino ressent est très réel et aussi actuel et la solution qu’il propose est de s’interroger continuellement face aux langages, aux mots aux images qui nous parviennent.

Notes
9.

L eçons Américaines , p. 149. Oggi siamo bombardati da una tale quantità di immagini da non sapere più distinguere l’esperienza diretta da ciò che abbiamo visto per pochi secondi alla televisione. » Lezioni Americane dans Saggi I, p. 707.]

10.

Calvino, Lettere, (Milano, Mondadori, 2000), p. 669. [« Effettivamente questo processo deve corrispondere alla mia psicologia, al mio rapporto verso il mondo, (..) Insomma quello cui io tendo, l’unica cosa che io vorrei poter insegnare è un modo di guardare, cioè di essere in mezzo al mondo. In fondo la letteratura non può insegnare altro.” Traduit par nous.]

11.

C’était la premières fois que cet honneur a été donné à un écrivain italien, et Calvino reconnaissant ce prestige investit tout son temps à la préparation des Norton poetry lectures.

12.

Italo Calvino, préface dans Leçons Américaines, Traduit par Yves Hersan (Paris, Gallimard, 1989), p. 15. [«  La mia fiducia nel futuro della letteratura consiste nel sapere che ci sono cose che solo la letteratura può dare coi suoi mezzi specifici. Vorrei dunque dedicare queste mie conferenze ad alcuni valori o qualità o specificità della letteratura che mi stanno particolarmente a cuore…. », Saggi I, p. 629]

13.

Ibid., p. 149. [ «  Se ho incluso la Visibilità nel mio elenco di valori da salvare è per avvertire del pericolo che stiamo correndo di perdere una facoltà umana fondamentale : il potere di mettere a fuoco visioni a occhi chiusi, di far scatturire colori e forme dall’allineamento di caratteri alfabetici neri su una pagina bianca, di pensare per immagini. », Saggi I, p. 707.]

14.

Leçons américaines, p. 141. [ « Da dove piovono le immagini nella fantasia? », Saggi I, p. 702. »]

15.

Ibidem, p. 148, [« Quale sarà il futuro dell'immaginazione individuale, in quella che si usa chiamare la "civiltà dell'immagine"? »Saggi I, p. 707 ]

16.

Ibidem, p. 148, [« Il potere di evocare immagini in assenza continuerà a svilupparsi in un'umanità sempre più inondata dal diluvio delle immagini prefabbricate? », p. 707 ]

17.

Leçons Américaines, p. 133. [ « La fantasia è un posto dove ci piove dentro », Saggi I, p. 696 »]

18.

Ibidem, p. 143, [« La più esauriente e chiara e sintetica storia dell'idea di immaginazione. », Saggi I, p. 703 ]

19.

Ibidem, p. 147.[ « L'immaginazione come repertorio del potenziale, dell'ipotetico, di ciò che non è né stato né forse sarà ma che avrebbe potuto essere ». Saggi I, p. 706 ]

20.

Visibilité, pp. 144 -145. [« Dunque nell’ideazione di un racconto la prima cosa che mi viene alla mente è un’immagine che per qualche ragione mi si presenta come carica di significato, anche se non saprei formulare questo significato in termini discorsivi o concettuali. Appena l’immagine è diventata abbastanza netta nella mia mente, mi metto a svilupparla in una storia, o meglio sono le immagini stesse che sviluppano le loro potenzialità implicite, il racconto che esse portano dentro di sé. Attorno a ogni immagine ne nascono delle altre, si forma un campo di anologie, di simmetrie, di contrapposizioni. (..) Nello stesso tempo la scrittura, la resa verbale, assume sempre più importanza ; (..) a poco a poco resta padrona del campo. Sarà la scrittura a guidare il racconto nella direzione in cui l’espressione verbale scorre più felicemente, e all’immaginazione visuale non resta che starle dietro. », pp. 704 –705.]

21.

Ibidem., p. 144, [ « Quando ho cominciato a scrivere storie fantastiche non mi ponevo ancora problemi teorici ; l’unica cosa di cui ero sicuro era che all’origine di ogni mio racconto c’era un’immagine visuale. Per esempio, una di queste immagini è stata un uomo tagliato in due metà che continuano a vivere indipendentemente ; un altro esempio poteva essere il ragazzo che s’arrampica su un albero e poi passa da un albero all’altro senza più scendere in terra ; un’altra ancora un’armatura vuota che si muove e parla come ci fosse dentro qualcuno. », p. 704 ]

22.

Ibidem, p. 141.

23.

Ibidem, p. 154, [ « Le vie che vediamo aperte fin da ora possono essere due. 1) Riciclare le immagini usate in un nuovo contesto che ne cambi il significato (..) 2) Oppure fare il vuoto per ripartire da zero. », Saggi I, p. 711.]

24.

B. Placido, La precisione è utile parola di Calvino, dans « La Repubblica », 24.09.1985. [« (..) io credo che per prima cosa ci vogliano delle basi di esattezza, metodo, concretezza, senso della realtà. È soltanto attraverso una certa solidità prosaica che può nascere una certa creatività; la fantasia è come la marmellata, bisogna che sia spalmata su una solida fetta di pane. Se no, [..] rimane tutto come una cosa informe, come una marmellata, su cui non si può costruire niente. », Traduit par nous.]

25.

Cosmicomics ( Paris, Seuil, 2001), tradution de Jean Thibedeau, p. 65. [ « Non c’era più modo di fissare un punto di riferimento : la Galassia continuava a dar volta ma io non riuscivo più a contare i giri, qualsiasi punto poteva essere quello di partenza, qualsiasi segno accavallato agli altri poteva essere il mio, ma lo scoprirlo non sarebbe servito a niente, tanto era chiaro che indipendentemente dai segni lo spazio non esisteva e forse non era mai esistito. »Le Cosmicomiche, dans RRI p. 117].

26.

Una pietra sopra, dans Saggi I, p. 7. [ « il mondo che ho sotto gli occhi, (..) La società, si manifesta come collasso come frana come cancrena, (o, nelle sue apparenze meno catastrofiche come vita alla giornata ) ..». Traduit par nous].