Nouvelle vision du monde

Selon plusieurs auteurs, entre 1500 et 1600, parallèlement à la nouvelle mentalité scientifique moderne et aussi à la diffusion de la presse, la vue, par rapport aux autres sens, semblerait acquérir une priorité et une valeur unique.

Alors se propage, donc une sorte de culture de la vision qui veut être plus proche des choses et la description devient un véritable élément de connaissance. En particulier la vision du monde change car la mentalité avec laquelle on le regarde a changé aussi.

A ce propos E. Raimondi affirme : ‘«’ ‘Le fait est que le regard avec lequel le narrateur mesure et explore l’espace de son univers romanesque ne s’applique pas seulement à la vue, mais aussi à l’esprit qui interprète, qui scrute les signes d’une réalité difficile et non immobile ’ ‘»’ 55

Dans le monde baroque de la peinture on relève des signes du vérisme qui sont aussi le témoignage d’une conception du monde différente et surtout plus dynamique, les tableaux de Caravage et Ribera en donnent un exemple. 56

La nouvelle vision scientifique du monde débute avec les théories de Copernic selon lequel la terre tourne autour du soleil, remplaçant l’ancienne selon laquelle on croyait que tout l’univers gravitait autour de la terre.

Cette théorie non seulement renouvelle la vision du monde mais aussi conduit à une vraie révolution dans tous les domaines.

A la précédente vision anthropocentrique se substitue une conscience cosmique et en particulier on voit changer le rôle assigné aux hommes et surtout leur rapport avec la divinité.

Chaque révolution scientifique change à la fois la conception de l’espace et la structure de l’univers et naturellement la façon de le représenter.

Or, cette nouvelle culture de la vision n'aura pas de conséquences directes dans la littérature du XVIIIe et XIXe siècles mais surtout dans le Romantisme où la description devient fonctionnelle et un sujet de connaissance.

Cette manière d’analyser et d'observer l'univers est typique de Giacomo Leopardi, avec ses espaces infinis, mais aussi de Alessandro Manzoni qui s'éloigne de la tradition classique pour explorer et mesurer les espaces avec les yeux mais surtout avec “ la mente ” et la rationalité des lumières.

Au XVIIe siècle on assiste à la diffusion de rapports, recueils, narrations des voyages qui changent évidemment la perspective de chaque individu.

Grâce à la découverte des nouveaux mondes et à la conscience de la diversité des lieux, traditions, idées, religions tout devient plus relatif. Voyager signifiait acquérir le sens du relatif et découvrir un au delà sur terre.

En Italie la connaissance des nouveaux mondes et surtout de l’Orient se réalise assez tard par rapport aux autres pays et pendant des siècles la seule connaissance du monde Oriental est liée aux descriptions de Marco Polo.

Lire le compte rendu des voyages devenait important pour s’évader de la réalité et passer à une sorte de mouvement contraire à la stabilité spirituelle qui régnait avant.

Notes
55.

E. Raimondi, Verso il realismo,dans, Il romanzo senza idillo. (Torino, Einaudi, 1974). p. 56.[« Il fatto è che lo sguardo con cui il narratore misura ed esplora lo spazio del suo universo romanzesco non si rapporta soltanto all’occhio della fronte, ma anche a quello della mente che interpreta, che scruta i segni di una realtà faticosa e non immobile. » Traduit par nous.]

56.

Wolfflin déclare qui l’idéal du Baroque est d’arriver à construire une image floue, insaisissable pour donner l’impression de l’espace infini, de l’illimité et de l’immense.