seconde partie :
l’espace dans les essais et LES romans de calvino

Introduction

Dans cette deuxième partie, nous essayerons d’analyser le rapport de l’écrivain Calvino à l’espace et parallèlement, celui de certains personnages de ses romans.

Calvino aimait voyager non seulement pour comprendre le monde mais aussi pour stimuler ‘«’ ‘ l’usage des yeux, la lecture visuelle du monde ’ ‘»’ 154 pour ne pas tomber dans l’uniformité du quotidien. Pour lui, voir signifiait percevoir des différences et il semble les avoir cherchées continuellement dans ses voyages et dans les différentes villes où il a habité. 155

D’ailleurs, on retrouve ces considérations dans ses reportages de voyage : Descrizioni et Reportages où il parle de la Ligurie, 156 de son voyage en Union Soviétique et aux Etat Unis 157 et aussi dans Collezioni di Sabbia où il parla des ses voyage au Japon, au Mexique et en Iran.

Au contraire, les villes qu’il habite, San Remo, Turin, Rome, Paris constituent la toile de fond de ses romans. Et c’est dans celles-ci que lui apparaît ce qu’il définit comme un rapport conflictuel à l’espace.

Marcovaldo représente la figure la plus exemplaire à ce propos comme aussi le protagoniste de La nuvola di smog, Amerigo Ormea et enfin Palomar qui en effet semblent être différentes facettes du même personnage.

Tous habitent la ville mais ils la vivent en découvrant chaque fois des aspects négatifs différents (le consumérisme, le nuage de smog, le cottolengo) et ils les analysent méticuleusement comme Monsieur Palomar.

Mais, bien que la ville soit un lieu de pollution, de consommation, Calvino « l’épouse à demeure » et révèle ce choix dans La Strada di San Giovanni : ‘«’ ‘ les signes de l’avenir, j’espérais les déchiffrer en bas, à travers ces rues, ces lumières nocturnes qui n’étaient pas simplement les lumières de notre petite ville un peu à l’écart, mais la ville, une ouverture de toutes les villes possibles… ’ ‘»’ 158 .

Comme Claudio Milanini le reconnaît dans L’Introduzione a Romanzi et Racconti III, chez Calvino, il y a eu une volonté déterminante et précoce d’être un intellectuel de « type urbain », malgré les défis imposés par la modernité. 159

Et, comme on le lit dans la Strada di San Giovanni, il refuse le monde de son père représenté par la campagne en privilégiant la ville.

Notes
154.

La forma del tempo in Giappone, dans Saggi I, p. 566. [ « Viaggiare non serve molto a capire (questo lo so da un pezzo ; non ho avuto bisogno d’andare in Estremo Oriente per convincermene) ma serve a riattivare per un momento l’uso degli occhi, la lettura visiva del mondo »].

155.

Ibidem. [« Perché vedere vuol dire percepire delle differenze, e appena le differenze si uniformano nel prevedibile quotidiano lo sguardo scorre su una superficie liscia e senza appigli »]

156.

L’analyse de la campagne ligure faite par l’écrivain met en évidence ses inquiétudes face à un paysage qui est en train d’être enlaidi, transformé, quitté par la plupart des habitants. Donc, la transformation du paysage ne concernerait pas seulement le paysage urbain mais aussi le paysage industriel.

157.

Ces voyages étaient des bourses au début de sa carrière d’écrivain (1951 le voyage en URSS et 1957 le voyage en États-Unis pendant six mois, dont quatre passés à New York).

158.

La route de San Giovanni, p. 12. [« (..) i segni del futuro mi aspettavo di decifrarli laggiù da quelle vie, da quelleluci notturne che non erano solo le vie e le luci della nostra piccola città appartata, ma la città uno spiraglio di tutte le città possibili,..». La Strada di San Giovanni, p. 16.]

159.

Romanzi e Racconti III, p. XXV : « Precocissima, e determinante, fu innanzi tutto la volontà di essere- secondo una nota formula gramsciana – un intellettuale di « tipo urbano », cioè l’accettazione piena delle sfide imposte dalla modernità ».