La recherche d’un monde différent possible

Calvino dans le remarquable article Gli dei della città affirme ‘«’ ‘ c’est avec des yeux nouveaux, qu’on regarde aujourd’hui la ville ’ ‘»’ ‘ 415 ’ Or, nous pensons que son projet était de réaliser cette opération à travers le regard attentif de ses personnages. Que font Quinto, Macovaldo, le protagoniste de La nuvola et Palomar (de façon obsédante), sinon ‘«’ ‘ écarter tout ce qui empêche de voir la ville, les idées reçues, les images préconstituées [..] qui encombrent le champ visuel et notre capacité de comprendre ’ ‘»’ ‘’ ‘ 416 ’? Les créations calviniennes se retrouvent dans une quête éternelle pour découvrir comment la ville est faite et comment on peut la refaire puisque ‘«’ ‘ Voir un monde-différent-possible (..), c’est se charger d’énergie contre un monde injuste ’ ‘»’ ‘ 417 ’. Et cette prise de position contre le monde on la retrouve chez les protagonistes des romans traités : Quinto s’oppose au monde spéculateur, Marcovaldo au monde inhumain produit par le boom économique et «le moi » de La nuvola se bat contre la pollution. Ces oppositions peuvent être ainsi résumées :

Protagonistes vs Milieu où ils habitent vs Les autres figures
( = victimes du capitalisme)
Quinto   Monde spéculateur   Caisotti et la bourgeoisie émergente
Marcovaldo   monde industrialisé   Chef, collègues
« Moi » de La nuvola   La pollution   Avandero, Cordà, et al.
Palomar   Monde consumériste   société

Mais ce que nous voudrions souligner c’est plutôt la grande capacité de notre auteur pour construire et imaginer un monde «autre » qui célèbre les valeurs louées dans Le Lezioni Americane, en particulier l’esattezza – grâce au silence contre le langage inexact - et la visibilité- grâce à un «regard » attentif. Et toutes ses figures semblent réagir contre ce monde injuste, en opposant la solitude et le silence ou un regard attentif pour chercher « un monde alternatif ». Nous observons d’abord le choix du silence.

Notes
415.

Gli dei della città, dans Saggi I, p. 349. [«  E con occhi nuovi che oggi ci si pone a guardare la città » ]. Traduit par nous.

416.

Ibidem, p. 345. [« scartare tutto ciò che impedisce di vedere la città, tutte le idee ricevute, le immagini precostituite [..] che ingombrano il campo visivo e la nostra capacità di comprendere ». ] Traduit par nous.

417.

Fourier : Congé. l’Utopie pulvérisée , dans La machine litterature,p. 183. [« vedere un possibile mondo diverso (..)è ben una presa di fondo contro il mondo ingiusto. », Saggi I, p. 309].