INTRODUCTION GENERALE

« L’eau fait partie de notre environnement naturel tout comme l’air que nous respirons et la terre qui nous porte et nous nourrit ; elle constitue un des éléments familiers de notre vie quotidienne. » C. RIOU (Préface de L’eau : milieu naturel et maîtrise, T. I, 1999)

Ce travail porte sur l’eau à Bangui, Capitale du Centrafrique, et les problèmes qu’elle engendre dans le site de la ville en relation avec la présence humaine et les formes de vulnérabilité physique. A la fondation de la ville (1889), des aléas (pluies exceptionnelles, orages violents) et des contraintes hydrologiques (inondations répétitives de l’Oubangui, haut niveau de l’eau des étendues marécageuses) étaient enregistrés dans le site. Aujourd’hui comme hier, ces phénomènes sont commandés par l’abondance et la violence des précipitations une partie de l’année, car Bangui est située dans la zone tropicale humide. Ainsi, le cycle de l’eau (précipitations, événements exceptionnels, crues de l’Oubangui, excès d’eau dans les étendues marécageuses) est couplé à la géomorphologie du site, favorable au séjour quasi-permanent de l’eau en surface et dans le sol. Les difficultés de ce milieu physique fragile sont exacerbées par la croissance urbaine.

En effet, l’abondance ou la violence relative des pluies entraîne actuellement à Bangui des inondations à l’échelle de la ville, particulièrement le long des petits cours d’eau façonnés en collecteurs/évacuateurs d’eaux pluviales issues du ruissellement. Car l’infiltration amoindrie par la compaction du sol nu urbain accroît le ruissellement pluvial. La concentration des eaux dans les collecteurs ainsi que dans les zones basses marécageuses actuellement colonisées par l’habitat, est souvent à l’origine des inondations urbaines. En outre, l’Oubangui cause des catastrophes épisodiques à la ville, notamment dans son ancien talweg où l’habitat s’est installé depuis peu ; le dernier cas en date s’est produit en octobre-novembre 1999, sinistrant près de 10 000 riverains du cours d’eau.

La question centrale de l’étude se rapporte au cycle et à la gestion de l’eau à Bangui ; nous l’avons abordée selon l’approche hydrogéomorphologique du site de la ville. Elle considère l’eau pluviale qui tombe, ruisselle ou se stocke en surface dans les cours d’eau et les marais ou étangs, et circule dans le sol pour gagner les nappes phréatiques, à l’interface du milieu physique (collines, piémonts, plateaux, plaine) et des espaces habités, urbanisés. Nous avons analysé l’influence de l’eau à travers des contraintes hydrologiques (inondations, drainage) dans une perspective historique des dommages causés par l’eau, dans le temps et dans l’espace ; l’intérêt est d’y relever les modes de gestion de ces phénomènes observés jadis par la population locale (administration et administrés). Car l’étude historique des débits de crue nous a révélé environ trente (30) inondations de la rivière Oubangui à Bangui (NGUIMALET, 2003 a) ; à partir du débit médian de crue annuel de 10 250 m3.s-1 défini par RODIER (1964), nous considérons qu’un débordement de lit de l’Oubangui puisse se produire.