1.1. Description topographique du site

Les paysages topographiques du site de Bangui sont constitués des unités suivantes : collines, piémont, plateaux et plaine (Figure 2). La logique de la succession de ces unités tient compte de la décroissance des altitudes relatives. Dans le site de Bangui, deux alignements de collines bloquent le développement de la ville vers l’Est et le NE : il s’agit des Collines de Daouba-Kassaï (700-600 m) et des Collines de Gbazabangui (600-500 m) qui occupent au total 15 000 ha sur l’agglomération, dont 870 ha pour les Collines de Gbazabangui (NGUIMALET, 1999 b). Ces collines ont une orientation subméridienne, NNO-SSE, et se prolongent à travers l’Oubangui vers l’ex-Zaïre. Reconnu par photo-interprétation, le premier alignement des collines correspond à l’escarpement ouest du plateau Daouba-Kassaï. Ces collines partent de l’est-NE de la Mission Saint-Paul des Rapides aux confins de l’Oubangui en longeant la route Bangui-Damara, jusqu’à plus de 75 km au NNE de Bangui. En revanche, le deuxième alignement se résume aux Collines (de Bangui) de Gbazabangui selon l’appellation locale.

Les collines de Bangui (590 m) forment une vaste croupe aux sommets arrondis, aux pentes amorties vers l’est, et abruptes à l’ouest. Vers 1898, elles s’appelaient Mont Ottro ; nom apparu dans la description officielle du site en 1906. Nous savons aujourd’hui que ces collines sont les seuls niveaux élevés de la vallée de l’Oubangui depuis la confluence avec le fleuve Congo jusqu’à Bangui. Tout était « bas » comme l’a remarqué Mgr AUGOUARD en 1893-1894, à la fondation de la mission. Le contact entre les Collines de Bangui et les Collines de Daouba-Kassaï (656 m au nord de Kassaï) est formé par le couloir de Ndress. C’est une dépression qui, d’est en ouest, suit la première fracture séparant le plateau du Kassaï des Collines de Gbazabangui (Figure 2) : elle est caractérisée par des altitudes variant entre 450 et 360 mètres.

Ce couloir est orienté nord-sud, et draine tout le réseau de la Nguitto, cours d’eau qui prend sa source au NE du quartier Boy-Rabé sur les Collines de Daouba-Kassaï, et se jette dans l’Oubangui à environ 2,5 km en amont des rapides. L’extrémité aval à la confluence de l’Oubangui, a été anciennement habitée par les pères du Saint-Esprit vers 1893, puis des NDRIS.

Nous avons remarqué dans la Surface 400-360 m, ou glacis de piémont, trois niveaux topographiques, selon l’étagement suivant (Figure 2) :

  • le premier se situe entre les cotes 400 et 380 m. Du sud au nord, il comprend l’Etat-Major des Armées, l’Inspection Générale de l’Enseignement, le Lycée BOGANDA et l’Ecole Notre-Dame, les quartiers Dendéngué V (Fou), Gobongo et une partie des Sinistrés (l’amont), le Golf au pk 11 et le pk 12. Les pentes varient de 3,5 % (pk 12 : de la rivière Sô à BEGOUA) à 7,3 % au GOLF (pk 11 : Golf à la rivière Ngola) ;
  • le second, ou niveau intermédiaire, s’observe entre 380 et 370 m d’altitude. La ligne qui le définit, depuis le centre-ville à proximité de l’Oubangui jusqu’au point kilométrique 12, passe par le Palais de la Renaissance, le Centre National Hospitalier Universitaire de Bangui, l’ONIFOP, les 36 et 200 Villas, le centre du quartier Fou, les quartiers Lipia IV, Sinistrés (centre) par la Paroisse Saint-Jean de Galabadja jusqu’au marché à bétail au pk 13. Les pentes caractéristiques sont comprises entre 2,5 % (Gobongo-Sinistrés) et 6,3 % (Cité Christophe-piémont des collines) ;
  • le dernier niveau est compris entre 370 et 360 m. La limite inférieure se confond le plus souvent avec celle des petits cours d’eau et des bas-fonds marécageux : dans cet espace, la pente est inférieure à 1 %, notamment elle est de 0,2 % entre l’Ouest du quartier Boeing et les quartiers Damala et Ngongonon, y compris la zone de l’Aéroport de Bangui-Mpoko.

Dans l’unité de relief 400-360 m, nous repérons certains reliefs localisés dans la ville de Bangui et aux environs (Figure 2), dont les points bas sont occupés par les vallées de petits collecteurs (Ngola, Ngoubagara, Ngongonon ou kokoro), des marais et marécages. Si nous rapprochons ces reliefs sur la base des critères morphostructuraux et altitudinaux, comment pouvons-nous expliquer cette dissection de la Surface de Bangui ou dissémination des (témoins de) plateaux latéritisés et cuirassés isolés les uns des autres ? Les épisodes tectoniques sont, sans doute, incontournables dans ce cas de figure, mais la tectonique à elle seule ne peut tout expliquer, d’où l’addition d’autres hypothèses. La karstogenèse profonde développée dans cet espace est observable dans les petites dépressions circulaires, ovoïdes ou allongées qui tapissent cette unité morphologique. Pour cela, nous essaierons une reconstitution des faits pour corréler les hypothèses qui expliquent les formes des Collines et celles de la Plaine de Bangui.

La Plaine de Bangui ou Surface inférieure à 360 m est le secteur où l’extension de la ville s’est faite au nord et à l’ouest (Figure 2). Sa reconnaissance a été toujours faite en référence aux dépressions marécageuses, qui recouvrent près des trois-quarts de l’étendue de la ville. L’accroissement démographique de la ville justifie la colonisation de cette plaine. La faible altitude et la pente expliquent en partie le mauvais drainage des eaux dans les quartiers implantés sur ces milieux hydromorphes. L’altitude d’ensemble est comprise entre 360 et 300 m. Nous y retrouvons les secteurs fréquemment inondés, comme les quartiers Ngouciment et Basse-Kotto, lesquels constituent des points bas de référence pour la ville (cotes de 350 à 340 m), et attirent le gros des eaux quand il pleut. Les terrains ici sont argileux et limoneux et l’essentiel des bassins moyen et aval des cours d’eau de la ville y est drainé.

Figure 2 Hypsométrie, unités topographiques et cours d’eau du site de Bangui (d’après IGN, 1988, modifiée)
Figure 2 Hypsométrie, unités topographiques et cours d’eau du site de Bangui (d’après IGN, 1988, modifiée)