2.1. L’urbanisation et le cycle de l’eau

Les relations entre la ville et le cycle de l’eau relèvent du domaine de l’hydrologie urbaine (DESBORDES et al., 1990 ; CYR et al., 1998). Née dans les années 1960, l’hydrologie urbaine est issue de la technique de l’assainissement des agglomérations ; elle a pris son essor au moment où les problèmes posés par l’évacuation et le traitement des eaux usées et pluviales urbaines devenaient trop complexes pour les méthodes classiques de conception et de gestion des systèmes d’assainissement.

L’urbanisation est l’une des manifestations humaines les plus marquantes du siècle dernier : dans les pays développés, environ 80 % de la population habite dans des agglomérations « urbaines », alors que dans les pays en développement, le phénomène est en pleine explosion en raison de dynamismes démographiques et spatiaux. Ce mouvement n’est pas linéaire ; il peut être marqué par des périodes d’accélération résultant de modifications dans le développement des sociétés humaines. Ce processus induit des conséquences hydrologiques. En effet, l’urbanisation de l’espace entraîne de profonds bouleversements des équilibres naturels, bouleversements d’autant plus profonds que leur importance a été ignorée au début du processus d’urbanisation. Dans le cas du cycle de l’eau, l’urbanisation modifie durablement les comportements des bassins-versants naturels ou ruraux. Ces modifications se manifestent à des échelles très variables de temps et d’espace : la chaleur de l’îlot urbain conditionne la température de surface, perturbe la circulation des eaux, la formation des nuages, des vents… dans les grandes mégapoles… ; la pollution des eaux, les dégâts causés par le ruissellement pluvial… en sont d’autres conséquences.

De fait, le cycle de l’eau en milieu urbain résulte de la confrontation du cycle de l’eau et de l’urbanisation. La situation hydrologique dans nombre d’agglomérations et de villes tire son origine de la rapidité de leur développement, et met en évidence des relations complexes entre le cycle de l’eau et l’urbanisation (DESBORDES et al., 1990) ; en matière d’aménagement de l’espace, la solution s’est résumée à l’emploi de la technique de l’assainissement. Ainsi, la dynamique du réseau d’assainissement est de plus en plus étudiée (BLANPAIN et al., 1998). Le principal responsable identifié dans cette dynamique est l’aménagement inadéquat du territoire : un aménagement abusif des cours d’eau, le manque d’entretien de leurs lits, par endroits transformés en dépotoirs, l’érosion intense et, enfin une occupation des sols et une politique d’urbanisation ignorant la limite des plaines inondables (CYR et al., 1998), expliquent les contraintes hydrologiques dans un espace urbanisé. En général, des problèmes liés à l’eau (ruissellement, érosion, inondation…) font l’intérêt d’une compréhension des relations entre le cycle de l’eau et la ville. Ainsi, le cycle urbain de l’eau inclut-il les différentes techniques appliquées à l’utilisation de l’eau en ville : l’eau potable, l’eau industrielle, les eaux usées, et les eaux pluviales. Ces dernières présentent un intérêt en termes de maîtrise du ruissellement et donc des systèmes d’assainissement en milieu urbain (COGEZ et al., 1990 ; DEUTSCH et al., 1990 ; HERREMANS, 1990 ; MUSQUERE et GUICHARD, 1990 ; MOREL A l’HUISSIER, 1998). Ces diverses techniques nous montrent une transdisciplinarité du cycle urbain de l’eau (DESBORDES et al., 1990). Les conséquences positives de la maîtrise des eaux pluviales sont évidentes pour une bonne gestion de l’eau.